Par Alexandra Bellamy
L’opération French Days se veut une édition française et printanière du Black Friday, venu des Etats-Unis et du Canada. Ce rendez-vous qui a lieu en novembre est désormais bien connu des consommateurs français et s’avère un énorme succès. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les e-commerçants souhaitent réitérer ce carton à travers des opérations semblables. Les French Days ont été «d'abord imaginées à la suite d’un appel du Ministère de l’Economie, remarquant la pertinence de monter une action d’envergure nationale pour booster le pouvoir d’achat des Français» explique un communiqué de presse de Boulanger. Les enseignes qui en sont à l’initiative «ont présenté cette action comme l’opportunité de fêter la croissance du e-commerce en France et de rythmer la consommation dans une période habituellement creuse».
Opération très suivie : plus de 200 enseignes ont rejoint le mouvement 200 enseignes
C'est le nombre donné par les organisateurs, qui nous ont d’ailleurs assuré que toutes les enseignes qui souhaitaient se joindre au mouvement étaient les bienvenues. Cependant, ils souhaitent demeurer à l’initiative de l’événement.
Nous avons en effet constaté que des enseignes venues d’horizons très divers y participaient : parfumerie, produits de beauté, enseignes de vêtements, de bricolage, de vente de meubles, spécialistes du jouet et même par GSA, comme Carrefour, Auchan ou E.Leclerc.
De grands noms, directement concurrents des organisateurs, s’y sont aussi mêlés, comme eBay et Amazon. Le géant américain est venu «squatter» l’opération, avec des offres assez agressives : 10 € de réduction à partir de 50 € d’achat sur produits éligibles. La participation d’Amazon n’a pas été commentée par les organisateurs.
Et du côté du commerce associé, les enseignes Expert et pulsat ont elles aussi rejoint le mouvement.
Une communication groupée, qui fait l’impasse sur le chiffre d’affaires
C’est de manière collégiale que les six initiateurs ont annoncé les French Days ; idem concernant le bilan, présenté dans un communiqué de presse groupé. «Les six» ont choisi de communiquer un seul chiffre, global, assurant que les French Days ont été une réussite : 43 millions de visites en 5 jours d’opération, sur les six sites. Nous n’avons pas réussi à savoir si l’un ou l’autre avait rencontré plus de succès, ni quelle augmentation de trafic cela représente. Le communiqué de presse évoque une «hausse d’activité significative notamment le premier jour».
Le comparateur de prix Idealo, dans son bilan, estime que pendant les French Days, l’augmentation du trafic sur sa plateforme française a été de l’ordre de 22% - bien moins importante que lors du Black Friday (112%) – Idealo notant qu’il est logique que les French Days ne deviennent pas un événement référent dès sa première édition.
Les organisateurs n’ont pas souhaité communiquer sur le chiffre d’affaires engendré par les French Days, ni préciser quelle augmentation des ventes a permis l’opération.
En revanche, ils ont dévoilé quels ont été les produits star des French Days : sans surprise, l’électronique (TV, ordinateurs, smartphones), puis le bricolage et le jardin, les meubles et enfin l’habillement (en particulier les articles de saison). L’engouement pour les produits high-tech est confirmé dans le bilan tracé par Idealo ; le comparateur estime qu’ils «arrivent de loin en tête des recherches des consommateurs français».
Malgré cette communication groupée, les French Days n’ont pas eu droit à un logo officiel commun pour cette première édition. La plupart des enseignes ont créé leur propre logo, exploitant le nom «French Days» et utilisant en toute logique du bleu, du blanc et du rouge. Les six organisateurs n’ont pas encore décidé de l’éventuelle création d’un logo harmonisé, mais cette possibilité n’est pas exclue.
L’opération sera renouvelée
On pourrait se demander comment cette opération, annoncée seulement une semaine avant son lancement, a pu être un succès. Ce serait sans compter sur les réseaux sociaux dont les fils d’actualité débordaient d’offres promotionnelles et les programmes de fidélité, dont les abonnés étaient avertis à grand renfort de courriers électroniques et SMS. Difficile d’ignorer les French Days.
C’est d’ailleurs ce que confirme un sondage réalisé par l’institut Yougov pour le compte de Poulpeo (site spécialiste du cashback) : 6 français sur 10 interrogés ont entendu parler des French Days, qui bénéficient donc déjà d’une certaine notoriété. Même si 15% seulement des sondés ont profité des offres proposées (les jeunes en majorité, dans la tranche 25-34 ans).
Les organisateurs ont officiellement déclaré que l’opération French Days serait renouvelée. Toutefois, les modalités n’ont pas encore été décidées. Nous ne savons donc pas si les French Days auront à nouveau lieu sur une période de 5 cinq jours, aux mêmes dates, voire plusieurs fois dans l’année – affaire à suivre.
Et dans les magasins ?
Parmi les enseignes organisatrices, certaines disposent aussi de magasins ; les French Days y ont-ils été suivis ? Dans son communiqué de presse, Boulanger évoque des offres présentes sur son site, sur son appli et en magasin. Fnac/Darty nous a dit avoir appliqué certaines offres «miroir» en magasin, mais que l’opération French Days demeure avant tout «digitale». Cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où le but de l’opération était notamment de dynamiser le e-commerce.
Des remises parfois décevantes
Sur Internet, on a pu constater la présence d’offres en apparence alléchantes : des remises affichées allant jusqu’à 60 ou 70% parfois. Mais il ne faut pas toujours se fier aux apparences ; durant les soldes et le Black Friday, il n’y a pas que des bons plans – les French Days n’ont pas échappé à la règle. Certaines offres étaient décevantes.
D’après le sondage de Poulpeo, «41% des Français ayant acheté durant les French Days 2018 attendent des promotions plus intéressantes» lors des prochaines éditions. C’est ce que confirme le bilan publié par le comparateur de prix Idealo, qui évoque au milieu d’offres effectivement attrayantes (TV et ordinateurs en tête) certaines promotions «décevantes et parfois trompeuses». Le comparateur déclare même que certaines catégories avaient «un ou plusieurs prix moins élevés» la semaine précédant les French Days (sont cités : les casques audio, les enceintes, les tablettes, les jeux vidéo, les lave-vaisselle, les réfrigérateurs, les robots de piscine, les aires de jeux et portiques, les lave-linge, les LEGO et les Playmobil).
Toutefois, il n’y a pas de quoi incriminer l’opération French Days ; toutes les périodes de soldes et de promotions ont leur lot de mauvaises affaires.