Le principal actif de Schneider Consumer Group, ce sont nos marques
Entre deux nouvelles filiales ouvertes à l’international, la relocalisation d’une partie de sa production et le développement de ses marques en France et à l’international, les projets de Schneider Consumer Group sont nombreux. Son Président, Philippe Samuel, détaille l'évolution de l'entreprise française et son adaptation aux crises sanitaires et géopolitiques qui affectent le monde.
Neomag. Cela fait maintenant trois ans que votre groupe porte le nom de Schneider Consumer Group. Pourriez-vous nous rappeler les marques que vous commercialisez et leur poids dans votre activité ?
Philippe Samuel. Schneider Consumer Group est un groupe qui a pour métier l’édition de marques. Nous ne sommes plus un importateur et ne sommes pas réellement un fabricant puisque nous n’avons pas d’usine en propre. Notre métier est en revanche d’acquérir, de développer, d’apporter du contenu et de valoriser les marques, que ce soit par nous-mêmes ou par les compte de tiers. Certaines marques sont la propriété du groupe comme Schneider, Radiola et Scholtès et nous avons deux marques sous licence que sont Thomson et Millenium. L’ensemble de ces marques constituent l’essentiel de notre chiffre d’affaires. En parallèle, nous sommes acteurs dans le domaine des MDD et avons une activité sur des marques premiers prix, avec notamment Frigeavia et Téléavia, destinées à certaines opérations dynamiques. Nous avons enfin deux marques dédiées à la Beauté avec Epilady et Sensica, pour lesquelles nous assurons la distribution.
De manière plus générale, comment s’est comportée l’entreprise sur son dernier exercice ?
Nous terminons l’année 2021 à +20%, soit légèrement au-dessus du marché. Néanmoins, l’exercice 2021 est moins intéressant que celui de 2020 en termes de rentabilité. L’inflation des coûts de fret maritime, mais également des coûts de production liés à la crise sanitaire n’ont pu être répercutés intégralement à la distribution, ce qui a mécaniquement affecté notre rentabilité.
A ce propos, le monde est passé de la pandémie à la guerre en Ukraine. Quel peut-être l’impact du conflit sur un secteur qui était déjà pénurique, comme celui des biens techniques ?
Le premier impact à très court terme est une inflexion de la consommation. Alors que celle-ci a été très dynamique en 2020 et 2021, les chiffres ont commencé à s’inverser dès le mois de décembre dernier, conséquence logique d’une surconsommation. Puis est arrivée cette crise géopolitique qui met un coup d’arrêt très net sur la consommation, entre -25 et -30%, quand nous étions à -15 ou -20% en sortie de crise sanitaire. J’ajouterai que cette baisse de la consommation est due à des critères subjectifs auxquels nous sommes habitués, avec des crises de confiance, particulièrement les années d’élections. Mais aussi à des critères objectifs et plus préoccupants, avec une inflation que nous n’avions pas connue depuis près de 25 ans et certainement une réallocation des budgets des ménages sur des produits de première nécessité comme les produits alimentaires, l’essence et l’énergie. Dans ce contexte, il est difficile de rester optimiste sur la consommation en 2022, voire même en 2023.
Pour les impacts à moyen et long terme, il est plus difficile de les déterminer car nous ne vendons, ni n’achetons directement en Russie. En revanche, il est évident que l’augmentation de l’énergie va impacter le transport terrestre, mais également la production. Une inflation des coûts qui devrait nous être répercutée d’ici 2 à 3 mois et qui constituera un élément détériorant, en plus de la baisse de la consommation.
Vous êtes également présent à l’international avec certaines marques. Quelle part cela représente dans vos ventes ?
L’international pèse 20% de nos ventes et nous avons fait le choix d’accélérer sur ce terrain en ouvrant notre première filiale en Espagne l’an dernier, avec une force commerciale, de la logistique et du service après-vente. Avec l’objectif que cette filiale représente à termes 30 à 40% de ce que nous faisons en France. Concernant l’international toujours, les marques cœur de marché comme Schneider ou Thomson étant difficiles à vendre à l’international, nous avons fait le choix de pousser notre marque Premium Scholtès qui est d’ores et déjà référencée en Israël, en Corée du Sud, ainsi qu’en Belgique.
La période que nous vivons vous amène-t-elle à changer votre regard, voire votre stratégie, sur vos modes et lieux de production ?
Nous avions déjà anticipé ces problématiques d’approvisionnement lointain, raison pour laquelle nous venons d’ouvrir une filiale de sourcing en Turquie, pour rapprocher les lieux de distribution des lieux de production. Nous avons également engagé une relocalisation d’une partie de notre production, avec des projets significatifs dans les mois et les années à venir.
Votre organisation basée sur 3 filiales (Asia pour la production, Inspection pour le contrôle qualité et Services pour le SAV et la durabilité) est-elle amenée à évoluer également ?
Nous faisons partie de ces sociétés qui ont pu avoir cette résilience face à la pandémie car nous sommes établis sur place. Nos bureaux en Chine nous ont ainsi permis de travailler de manière assez fluide, que ce soit pour maintenir un contact permanent avec la production sur place, ou pour le suivi qualité. Nous sommes engagés sur cette volonté de diversifier nos approvisionnements, mais également de relocaliser et tout cela va demander du temps. Notre implantation en Chine a donc vocation à perdurer pour le moment, voire à augmenter.
Comment définiriez-vous l’identité de votre groupe ? Et celle de vos principales marques ?
Tout d’abord, il est important de rappeler que toutes les marques qui sont dans notre giron sont des marques françaises, au même titre que l’est le groupe Schneider Consumer, ce qui constitue un point de cohérence transversale. Pour être plus précis sur nos marques, Scholtès, a un positionnement Premium avec une volonté de laisser une liberté créative aux utilisateurs. Et bien qu’elle fête ses 100 ans cette année, Scholtès est une marque audacieuse et contemporaine, qui propose des appareils simples à utiliser mais aux nombreuses fonctionnalités. Pour sa part, Schneider est une marque d’héritage à laquelle nous donnons des valeurs de convivialité, de fiabilité et de confiance, le tout avec un design différenciant, en termes de coloris et de matières, qui fait la signature de la marque. Quant à Radiola, qui fête également ses 100 ans cette année, nous avons revu la plateforme de marque pour être disruptif et l’avons repositionnée comme une marque jeune, colorée, technologique et au très bon rapport qualité/prix. Enfin, la marque de Gaming Millenium évolue pour devenir Millenium Good Game (MGG) avec de gros efforts menés auprès de la distribution, qui nous ont permis d’atteindre près de 15% de parts de marché sur cet univers.
Quelles sont les marques sur lesquelles vous allez intensifier à court terme votre développement ?
Les marques Radiola et Schneider vont continuer sur leur forte dynamique, de même que Thomson que nous avons toujours en licence pour le PEM et le traitement de l’air. En revanche, nous allons davantage mettre l’accent sur Scholtès avec l’objectif d’accentuer son ADN en France et de la pousser à l’export. Aussi, nous allons fortement miser sur la marque Millenium MGG et devenir le sponsor de League of Legends.
Vous êtes partenaire du Top 14 de rugby avec Schneider, Guy Savoy est devenu ambassadeur pour Scholtès... Quelle importance a pris la communication dans votre stratégie ?
Le principal actif du groupe, ce sont nos marques. Et pour les faire grandir, il faut bien entendu que ces marques soient présentes de manière massive et transversale dans la distribution, mais il faut également leur donner un côté aspirationnel. Et c’est en partie grâce à la communication que nous pouvons le faire et nous y consacrons un budget significatif. Alors que nous avions l’habitude de communiquer en B2B, nous communiquons davantage en B2C aujourd’hui, pour nous adresser de plus en plus au consommateur final.
Vous évoquez le souhait de vous rapprocher du consommateur. Dans ce contexte, votre distribution va-t-elle évoluer vers du Direct To Consumer et les marketplaces ? Et existe-t-il une stratégie commune à Schneider Consumer Group ?
Nous sommes déjà présents sur les marketplaces de certains clients, mais également en direct grâce à nos filiales en France et en Espagne, avec des équipes dédiées. Cela nous assure une présence sur ce canal de distribution important, tout en maîtrisant notre politique commerciale, mais aussi notre qualité de services, qu’il s’agisse de disponibilité des produits, de la qualité du SAV, de la livraison, etc. Concernant le deuxième point, nous avons un certain nombre de valeurs communes à l’intégralité des marques. Je parle ici de respect de l’engagement donné, mais aussi de services vis-à-vis de nos clients que sont les retailers. Bien entendu, les systèmes de distribution diffèrent selon nos marques et leur positionnement. Nous sommes ainsi sur une distribution assez large pour Schneider, très large pour Radiola et plus sélective pour Scholtès. Cette marque a vocation à être dans la distribution cuisine, qu’il s’agisse de GSS comme Darty Cuisine ou Boulanger Cuisine, mais également chez les cuisinistes. Nous avons d’ailleurs mis en place une force de 5 commerciaux terrain dédiée aux réseaux de cuisinistes, et nous serons présents à la prochaine édition d’Esprit Cuisine.