Par Philippe Michel
« Nous changeons de patron tous les deux ans, c’est épuisant ». Ainsi s’exprime un journaliste d’Europe 1 cité par nos confrères de Challenge. Les salariés de la Fnac pourraient très bien en dire autant. En effet, après le règne de Denis Olivennes qui a duré 5 ans, Christophe Cuvillier n’aura tenu que deux ans. Autant Denis Olivennes avait œuvré à la modernisation de l’enseigne, autant Christophe Cuvillier aura géré, plutôt bien mais sans grande surprise, l’enseigne de PPR que son Président, François-Henri Pinault, avait déclaré vouloir vendre en novembre 2009. Dans un article, neomag avait démontré la dématérialisation des produits vendus par la Fnac et l’échec de l’internationalisation de l’enseigne ( une des principales missions de l’ère Olivennes).
Devenir l’amazon européen ?
Passée l’hypothèse de la revente, où l’affaire se résoudrait à la simple signature d’un (gros) chèque, reste celle de la continuation de la Fnac au sein de la galaxie PPR. François-Henri Pinault, Président-directeur général de PPR, a déclaré : « Je tiens à saluer chaleureusement l’engagement et l’action de Christophe Cuvillier qui ont permis à la Fnac de conquérir des positions fortes sur ses marchés, de traverser la crise de manière exemplaire en améliorant sa rentabilité et de confirmer son statut d’enseigne préférée des français. Je suis très heureux d’accueillir Alexandre Bompard qui a accompli un parcours remarquable dans le secteur des médias. Je suis convaincu que son talent, son expérience et sa créativité permettront à la Fnac de conforter, aussi bien en France qu’à l’international, sa place parmi les leaders de la révolution numérique ».
Révolution numérique… Un terme bien choisi et qui a tout son sens. Qu’il s’agisse de la musique, de la vidéo ou du livre, tous les marchés de la Fnac se dématérialisent et se vendent désormais, en grande quantité, via internet. Les biens techniques sont eux aussi vendables en ligne et rappelons-le, ne représentent qu’une petite partie du CA de l’enseigne. Jusqu’à maintenant, la Fnac a toujours voulu composer avec son réseau de magasins en durs et jouer la carte du multicanal. Mais si Darty ou Boulanger y ont intérêt, quel est celui de la Fnac de continuer à entretenir autant de surface immobilière et à avoir autant de charges (salaires, loyers, etc… ) ?
L’internationalisation sur ce mode traditionnel a échoué. Mais sur Internet, il devient tout à fait crédible. La Fnac a la renommée, même si très française, et la compétence. Le lancement de son propre e-book correspond d’ailleurs à cette volonté de vendre des contenus dématérialisés. Contenu ? Qu’est-ce qu’Alexandre Bompard si ce n’est un homme de contenu ? Quelle mission pour ce jeune homme de 38 ans que de faire rayonner sur la toile la fnac, et ce à l’échelle mondiale ? Quel challenge que de démontrer à Amazon qu’Astérix existe et qu’il s’appelle la Fnac ?
Une chose est sûre, c’est que nous ne tarderons pas à connaître la véritable mission d’Alexandre Bompard. Et nous prenons le pari que d’ici un an, une grande annonce sera faite par la filiale de PPR. En novembre ? Un mois que semble apprécier François-Henri Pinault pour ses prises de décision…
Qui est Alexandre Bompard ?
Agé de 38 ans, Alexandre Bompard est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, titulaire d’une maîtrise de droit public et d’un DEA de sciences économiques. Ancien élève de l’ENA (promotion Cyrano de Bergerac), après quatre années passées à l’Inspection générale des Finances, il est nommé Conseiller technique de François Fillon, ministre des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité en 2003. En 2004, il rejoint le groupe Canal+ en qualité de Directeur de cabinet du président Bertrand Méheut. De 2005 à 2008, il est ensuite Directeur des sports de Canal+ et Directeur des Affaires Publiques du groupe. Depuis juin 2008, Alexandre Bompard était Président-directeur général d’Europe 1.