Eric Shorjian
C’est un pas de plus dans le déploiement de l’économie circulaire en France et sur le chemin de la durabilité programmée. En lançant une campagne media auprès du public, le gouvernement veut inciter à modifier son rapport à la consommation. « Consommer différemment, c’est agir directement sur la transition écologique et solidaire dans laquelle nous sommes engagés, indique Elisabeth Borne, Ministre de la Transition écologique et solidaire. Je suis convaincue que l’avenir n’est pas uniquement à consommer plus, mais d’abord à consommer mieux. C’est aussi un enjeu de justice sociale. »
La campagne « Nos objets ont plein d’avenirs » s’articule autour de la diffusion de 4 spots TV de 30 secondes, 5 annonces presse, des bannières web et un site internet. Pour produire ces films, aucun tournage, aucune prise de vue, l’objectif était de réutiliser des images et des vidéos d'archives pour inscrire totalement la campagne dans le sujet qu'elle défend. La voix off des spots est assurée par le comédien Gaspard Ulliel.
« L’épuisement des ressources nous oblige à repenser nos modes de consommation, ajoute Arnaud Leroy, Président Directeur-général de l’ADEME. Ne pas surconsommer et utiliser nos équipements plus longtemps sont aujourd’hui des réflexes indispensables à acquérir pour la transition écologique et solidaire. De nombreuses solutions existent pour réparer, réutiliser, donner, acheter d’occasion… nous les avons rassemblées sur longuevieauxobjets.gouv.fr »
Consommer moins et mieux
L’allongement de la durée d’usage des produits peut prendre différentes formes : éviter le suréquipement, entretenir les équipements, les réparer, les conserver et les utiliser plus longtemps du côté des citoyens ou encore fabriquer des produits éco-conçus, plus robustes ou plus facilement réparables du côté des industriels. Il est donc que dans les années à venir, toutes les initiatives allant dans le sens d’une durabilité programmée vont se développer. Indéniablement cela devrait avoir des impacts sur les marchés en termes de volume et de valeur.
L’exemple des téléviseurs
Les premiers résultats de l’étude « Évaluations environnementale et économique liées à l’allongement de la durée d’usage » portant sur un smartphone, une télévision, un lave-linge, un jean et une scie sauteuse, mettent en lumière, dans une très grande majorité des cas, l’intérêt environnemental et économique de l’allongement de la durée d’usage des produits.
A titre d’exemple, indique l’ADEME, si la durée de vie moyenne en France de l’ensemble des télévisions était augmentée de 1 an, passant de 8 à 9 ans, le gain environnemental serait de 1,7 million de tonnes de CO2, soit les émissions annuelles d’une ville comme Lyon. Le bénéfice économique de ne pas remplacer une télévision au bout de 4 ans alors qu’elle fonctionne encore et de la conserver au total 8 ans (durée de vie moyenne) est de 66 €/an pendant la durée d’allongement (soit 4 ans).
Un nouveau potentiel pour le secteur de la réparation...
Pour aider à adopter les bons réflexes, le site longuevieauxobjets.gouv.fr propose des conseils pratiques, des outils pour partager ses objets entre voisins ou encore diagnostiquer les pannes de ses appareils… C’est aussi un annuaire grâce auquel les citoyens peuvent identifier, en fonction de leur objet, les professionnels les plus à même d’en allonger la durée de vie. Cette campagne va durer 3 ans et, si elle s’adresse cette année aux citoyens, un volet destiné aux entreprises et encourageant l’écoconception sera déployé dès 2020. « Prendre le réflexe de la réparation, c’est accessible à chacun et ça bénéficie à tous », résume Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès de la Ministre de la Transition écologique et solidaire.
De grands acteurs de la filière ont d'ores et déjà pris de l'avance sur ce sujet, à l'image du groupe Fnac Darty, que ce soit au travers de son Baromètre, du rachat de l'enseigne Wefix, du service Darty Max ou encore de sa dernière campagne media. Des start-up dynamiques se sont positionnés sur le marché des produits reconditionnés telles que Recommerce et BackMarket, de la réparation à l'image de Murfy ou de Spareka ou encore de la labellisation comme Longtime. C'était également une des tendances marquante lors de la dernière édition de l'IFA à Berlin. Attendons-nous donc à voir fleurir de nouvelles initiatives chez d'autres acteurs de la profession (fabricants, stations-techniques, indépendants) dans les mois et les années qui viennent...
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L’électroménager en route vers la durabilité programmée ?