A l’occasion du salon EspritCuisine, le Syndicat national de l’Equipement de la Cuisine (SNEC) a tenu un conseil d’administration ouverte non seulement à ses adhérents mais aussi aux visiteurs afin de faire un bilan de l’année 2022 et établir les perspectives de 2023. A cette occasion, nous avons rencontré son président Christian Mennrath afin de faire le point sur les chantiers importants de l’année.
Après une croissance extraordinaire en 2021, l’année 2022 fut étal. Christian Mennrath relativise néanmoins ces résultats en évoquant, en quelque sorte, un retour à la normale. « Ce qui ne semble pas terrible, est dans les faits, une belle performance car nous avons passé un palier haut». De même, le président du SNEC pondère les résultats d’un second semestre plus compliqué, marquée par une baisse de fréquentation en magasin. « Ces résultats ont été une conjonction de plusieurs raisons à commencer par l’inflation notamment, certains magasins ayant souffert plus que d’autres. Surtout, il s’agit d’une problématique de volumes et pas de demande. L’objectif est de relancer l’activité en 2023 en dynamisant notre offre car la demande est toujours présente. La vraie question est donc comment s’adapter aux contraintes du consommateur ». Et Christian Mennrath de brosser plusieurs pistes telle la réactualisation d’offres de financement mais également de proposer « une offre orientée vers une économie circulaire, des offres plus vertueuses en termes de réemploi, de produits écocompatibles etc qui représentent une tendance lourde. En résumé, il s’agite de s’adapter à ces attentes d’aujourd’hui».
Cuisinistes : occasion, réparation, formation, parmi les chantiers 2023 du SNEC
Le Syndicat National de l’Equipement de la Cuisine est reconnu pour l’organisation de services exclusifs du quotidien auprès des professionnels de la cuisine équipée et de l’habitat sur mesure. Après le défrichage par ses experts des nouvelles réglementations impactant les cuisinistes, le syndicat apporte des conseils concrets en matière d’application à ses adhérents sans compter ses actions de défense de la filière auprès des instances étatiques. Rencontre avec le président du SNEC, Christian Mennrath pour découvrir les chantiers de 2023 à commencer par le développement de la filière réparabilité mais aussi le travail sur la formation.
Quelle seconde vie pour les cuisines ?
Le SNEC cherche toujours à apporter une réponse opérationnelle afin d’accompagner ses adhérents confrontés aux évolutions des textes réglementaires. Le syndicat s’appuie ainsi sur des avocats et spécialistes de la réglementation. « Notre objectif est ainsi de rendre audible, concret et applicable cette complexité réglementaire et environnementale sur le terrain. C’est une de mes obsession. Nous ne cessons de le faire pour soutenir nos adhérents qui sont pour un grand nombre, des patrons de TPE et des petites structures».
L’année 2022 fut ainsi marquée par l’application de la loi AGEC pour les cuisinistes. L’impact de cette réglementation concernant la reprise des anciens meubles avait été préparé en amont par le SNEC. « Nous avions la crainte d’une explosion des demandes de reprise d’anciens meubles face aux capacités d’exploitation des plateformes logistiques pour traiter ces derniers. Au final, l’impact opérationnel est très limité car seuls 2% des ventes sont concernés actuellement par cette demande de reprise des meubles anciens ». A cet égard, Christian Mennrath souligne combien la question de recyclabilité est déjà intégrée par les consommateurs qui donnent une seconde vie à leurs anciennes cuisines notamment pour des résidences secondaires ou pour l’équipement de leurs enfants.
De nouvelles fiches pratiques pour aider les cuisinistes à gérer les nouveaux dispositifs réglementaires
.Le SNEC interpelle également régulièrepment les représentants de l’Etat quant aux problématiques particulières des cuisinistes comme l’a montré son action lors de la crise sanitaire. Son action a été intense auprès des députés pour expliquer l’impact potentiel en matière de trésorerie d’une application de la TVA sur les acomptes dans le cadre du projet de loi de finances 2023. Ceci afin d’obtenir une dérogation légale à cette obligation de premier reversement de la TVA.
Plusieurs dizaines de députés sensibilisés par la question avaient déposé en ce sens un amendement adopté par l’Assemblée Nationale et le Sénat. Mais le recours au 49-3 et l’amendement non retenu a institué l’exigibilité de la TVA dès l’encaissement d’acomptes pour livraison de biens...
Cette obligation s’applique donc depuis le 1er janvier 2023 pour toutes les commandes effectuées à cette date. Le syndicat avait en parallèle conseillé à ses adhérents d’adapter leur système informatique à cette obligation potentielle. Le 12 décembre dernier, Christian Mennrath a livré aux adhérents ses conseils afin d’être prêt pour la déclaration de février déclarant les opérations de janvier. De même, le syndicat a délivré ses conseils en cas de vente de produits soumis à différents taux de TVA telles la TVA meuble à taux réduit tandis que la TVA pour l’électroménager est à taux normal.
A cet égard, le SNEC déploie une aide concrète à ses adhérents qui peuvent bénéficier d‘un grand nombre de conseils et fiches pratiques pour chaque problématique posée. Christian Mennrath a d’ailleurs souligné une autre problématique : « la question des garanties légales est un des avatars aussi de la loi de l’économie circulaire et la réglementation afférente, le législateur donnant la main aux consommateurs » De façon concrète, un problème identifié par un consommateur doit être traité dans les 30 jours en matière de conformité. Hormis qu’un problème remonté par le client s’inscrit dans un écosystème complexe entre fabricants, électroménagistes, poseurs etc... "Cela représente un défi permanent dans nos métiers car une fois identifié et remonté le problème au cœur de circuits de fabrication tendus, signifie remettre en production la pièce puis la poser, le tout dans un délai de 30 jours ! ».
Le SNEC donne les clés pour répondre aux clients et trouver une solution en bonne intelligence mais il s’agit également de mettre en forme la préparation des documents commerciaux sans compter l’acte de vente lui-même et l’accompagnement du client au quotidien quand le problème survient. « A cet égard, nos adhérents bénéficient d’un vade mecum mis en ligne sur l’espace pro du site du SNEC, et une série de fiches pratiques par rapport à ces dispositifs réglementaires ».
Le secteur de la Cuisine aussi doit penser "réparation"
Le SNEC s’attaque aussi en 2023 à autre chantier important, celui de la filière de réparation, de par la responsabilité élargie des producteurs. « Nous sommes certes distributeurs mais nous sommes intimement liés avec la production. L’électroménager est en avance sur ce sujet car la panne est plus évidente qu’avec un meuble. Nous pouvons seulement avoir par exemple un problème survenu lors du transport ou de la pose. Nous allons donc créer une filière avec nos partenaires FNAEM, L’Ameublement Français et Ecomobilier, le tout si possible avec des financements raisonnables et une certification des poseurs » Cette filière de réparabilité suppose ainsi de qualifier les problèmes possibles et pannes potentielles.
Intégrer les nouvelles approches de vente dans la formation, prendre en compte les besoins turn-over...
Autre chantier, le travail sur les CQP afin d’adapter la formation aux nouvelles méthodes de vente. « La formation est un enjeu central avec un travail important sur les CQP dédiés à nos métiers. Or, de nouvelles approches commerciales se développent en magasin et à domicile. On ne peut plus former avec des méthodes d’il y a dix ans. Nous devons intégrer ces nouvelles approches de vente sur les différents canaux de distribution avec également des nouveaux médias de formation »
En matière de ressources humaines, la filière a toujours besoin d’environ 5 000 personnes aujourd’hui et se caractérise également par un turn-over important d’environ 50% après 2 ans de poste. Certes, les profils de concepteurs vendeurs font face à des compétences diversifiées, entre parties techniques et commerciales. Ce phénomène de turn-over s’explique entre autres par l’adaptation à cette panoplie de métiers pas toujours bien appréciés au départ par certains candidats. « C’est un métier passionnant mais pas si simple car faisant appel à plusieurs compétences. La résussite y nécessite une alchimie complexe entre écoute, compréhension des besoins clients traduits ensuite dans un projet technique et mise en œuvre avec un budget adéquat. Il faut aussi prendre en compte que la rémunération est conditionnée par la réussite commerciale. D’où un turn-over structurel au niveau de la filière à prendre en compte et à gérer".