La Mention Complémentaire Production et réparation de produits électroniques (PREL) a été officiellement inaugurée début décembre, au Lycée professionnel Galilée, dans le 13ème arrondissement de Paris. L’événement s’est notamment déroulé en présence de représentants de la région Ile-de-France, du Rectorat et de l’Académie de Paris, du doyen des inspecteurs d’académies, du MEDEF, des éco-organismes et de la presse. Il s’agit d’une formation inédite, créée par la Compagnie du SAV pour répondre à la fois aux besoins de la filière réparation et des jeunes. Elle présente deux particularités : elle se déroule en seulement un an et il s’agit d’une formation diplômante. À l’issue de leur formation, les dix apprentis de cette promotion pourront tous accéder à un CDI au sein de l’entreprise. Laurent Falconieri, Directeur Général de la Compagnie du SAV, qui a œuvré à cette création, nous en explique la genèse.
La Compagnie du SAV inaugure une formation diplômante de technicien réparateur en un an
À la rentrée 2023, La Compagnie du SAV a accueilli une dizaine d’apprentis du Lycée professionnel Galilée (Paris 13ème). Ils suivent une formation créée par l’entreprise en partenariat avec l’établissement, avec le soutien du Rectorat et de l’Académie de Paris. Récemment inaugurée, cette Mention Complémentaire PREL (Production et réparation de produits électroniques) est une formation diplômante dispensée en un an, post bac.
Une formation qui répond mieux aux besoins de certains étudiants
Sous l’impulsion de Laurent Falconieri, très impliqué dans la formation des jeunes, la Compagnie du SAV accueille déjà des apprentis au métier de réparateur. L’entreprise avait notamment mis en place une formation de niveau bac pro en deux ans en collaboration avec le lycée Georges Brassens, à Evry Courcouronnes.
Laurent Falconieri a contribué à créer cette nouvelle formation, dont le format est plus « acceptable » pour certains jeunes. « L’académie de Paris est l’une de celles qui a le taux de décrochage le plus important. Et paradoxalement, c’est là où il y a le vivier de jeunes le plus important. Une formation de deux ans comme celle que nous avons déjà mise en place est une bonne idée. Mais pour certains décrocheurs, c’est trop long. D’où l’idée de monter cette formation diplômante sur un an. L’idée était de proposer aux jeunes une formation courte, avec une employabilité derrière, ce qui est rassurant pour eux et pour leur famille » explique-t-il.
Cette formation diplômante permet aux étudiants d’approfondir les connaissances acquises au cours de leurs années de bac pro SN (système numérique). C’est le profil le plus courant, même si certains sortent aussi d’un bac pro électricien. Concrètement, l’Éducation Nationale s’occupe des matières fondamentales (anglais, français…) et la Compagnie du SAV forme les professeurs sur la partie technique électroménager. En complément, les jeunes sont aussi reçus à l’atelier par la CSAV. À la sortie de leur bac pro, certains jeunes ont déjà des bases sur l’électroménager mais cela ne suffit pas, d’après Laurent Falconieri : « la Mention Complémentaire complète ces bases de manière beaucoup plus précise. On intensifie le travail en atelier ou les tournées avec les techniciens sur le terrain en faisant du spécifique électroménager pour que les jeunes acquièrent davantage de bases et de fondamentaux autour de ce métier ».
Répondre aux besoins de toute la filière
Si les dix étudiants de cette première promotion sont accueillis par la CSAV, le but est aussi de répondre aux besoins des petites stations techniques et indépendants qui désirent recruter. « Sur chaque région, nous contactons nos collègues des stations techniques pour leur demander s’ils sont intéressés pour accueillir une partie des apprentis de la promotion » assure Laurent Falconieri. Ce dernier évalue les besoins de la CSAV à environ 10 techniciens par an. Mais évidemment, pour la filière entière, les besoins sont bien plus larges : « on dit aujourd’hui qu’en France, sur l’électroménager, il y a un besoin d’environ 5000 techniciens. Si on considère tous les produits couverts par le fonds réparation, le besoin est porté à 20 000 techniciens. Donc de notre côté, si nous arrivons à former 1000 techniciens à terme (avec toutes les stations techniques), nous ré-étoffons le réseau de réparateurs en France ».
La filière tout entière en tirera bénéfice mais aussi les consommateurs, selon lui. Les jeunes réparateurs pourront en effet s’installer ou se réinstaller dans des zones où le manque de professionnels se fait sentir, laissant ainsi plus de choix aux Français lorsqu’ils souhaitent faire réparer leurs équipements. « Avec le bonus réparation, le besoin va forcément s’intensifier. Je pense que des jeunes seront forcément sollicités par de petites entreprises du domaine la réparation » souligne-t-il.
Dupliquer l’expérience dans d’autres régions
La première promotion est lancée. L’année prochaine, l’expérience va être reproduite dans d’autres établissements. Laurent Falconieri annonce d’ores et déjà l’ouverture d’une seconde session à Paris, ainsi qu’une autre dans la région de Bordeaux. Puis idéalement dans d’autres zones géographiques : certainement la région Rhône-Alpes, le sud-est et le nord. L’avantage du projet, selon le Directeur Général de la CSAV, c’est qu’il peut être facilement « dupliqué ».
La faisabilité dépend néanmoins du recrutement. Il faut au minimum 10 ou 12 apprentis par session, qui doivent avoir 18 ans révolus (le permis de conduire étant nécessaire). Pour recruter les futurs apprentis, des sessions de job dating sont organisées. Les jeunes doivent apporter une lettre de motivation, parfois même venir avec leurs parents. Il y a aussi des exigences sur le savoir-être. « Plus on est exigeant en termes de sélection lors du recrutement, plus on garantit de CDI à l’issue de la formation diplômante » précise Laurent Falconieri. Ce dernier compte aussi impliquer les instances compétentes pour développer ces formations : « il faut que le Rectorat, la région, le MEDEF, les lycées professionnels, en « maillage régional », fassent le relai ».
La CSAV lance un appel aux Ministères
Si cette formation diplômante en un an répond à la fois aux besoins de la filière, des jeunes et de l’Éducation Nationale, un problème subsiste, selon Laurent Falconieri : celui du financement. « D’un côté, il y a du décrochage, du chômage, la volonté de pousser au maximum la mixité… Mais malheureusement, tous les financements sont à la charge des entreprises - et ce alors que la trésorerie de certaines stations est déjà compliquée ».
Le Directeur Général de la CSAV souhaiterait parvenir à réunir le Ministère du Travail, le Ministère de l’Éducation Nationale et le Ministère de la Transition écologique pour aborder collectivement cette question du financement de la formation des techniciens réparateurs.