C’est en 2020, en pleine période Covid, que cette aide avait été instaurée par le gouvernement de l’époque pour soutenir l’emploi des jeunes. Aujourd’hui, la période n’est plus au « quoi qu’il en coûte » mais à la recherche d’économies. Ainsi, le Ministère du Travail, a le projet de supprimer, pour les contrats conclus dès le 1er mai 2024, l’aide aux employeurs de salariés en contrat de professionnalisation.
Pour le Conseil du Commerce de France et les fédérations du secteur du commerce, cette décision est une coupe budgétaire sur le dos des jeunes éloignés de l’emploi. 80 millions d’euros dédiés à la formation des jeunes aux métiers du commerce vont ainsi disparaître. Selon les chiffres de L’Opcommerce, l’opérateur de compétences du commerce, cette aide a permis la signature en 2023 de 14 000 contrats de professionnalisation. Pour le CdCF, cette annonce « surprise » va à l’encontre du développement économique d’un secteur déjà fragilisé et en forte de tension.
« S’agissant de la méthode, quand bien même le temps est à la réduction des dépenses, nous regrettons le manque de concertation et de communication qui nous amène à découvrir la rédaction d’un décret qui prendra effet dans 15 jours, estime-t-on au sein du CdCF. Des milliers de contrats en cours de signature pourraient être remis en cause, mettant en difficulté des jeunes dans la construction de leur projet professionnel.
Sur le fond, nous rappelons que le commerce joue un formidable rôle d’ascenseur social et permet de maintenir la dynamique de l’emploi et du commerce dans les territoires. Encore faut-il donner les moyens aux professionnels de recruter les talents, former les salariés et valoriser nos métiers. Ces contrats de professionnalisation sont particulièrement adaptés à nos métiers du commerce car ils peuvent s’appuyer aussi bien sur des diplômes de l’Éducation Nationale que sur des CQP (certificats de qualification professionnelle) mis en place par les branches et donc répondant parfaitement aux besoins des entreprises.
Enfin, cette décision introduit une différence de traitement non justifiée entre les contrats de professionnalisation et les contrats d’apprentissage. « Il est important d’envoyer le bon signal pour nos jeunes et nos entreprises » déclare Yves Auto président du CdCF qui demande « au gouvernement de surseoir à cette décision et d’engager avec les acteurs du secteur une véritable politique de formation adaptée ».
Contrat de professionnalisation : la suppression de l’aide à l’embauche fait débat
L’aide à l’embauche de 6000 € pour embaucher un alternant en contrat de professionnalisation doit être supprimée à partir du 1er mai. Pour le Conseil du Commerce de France, cette annonce va à l’encontre du développement économique d’un secteur déjà fragilisé. Et le secteur de la réparation, également en tension, risque aussi d’en faire les frais, regrette Julien Wypych, Directeur Général du Réseau Ducretet.
"On va se priver de candidats volontaires, ayant du potentiel"
Autre secteur de la profession qui risque de faire les frais de cette suppression, celui de la réparation, comme l’explique Julien Wypych, Directeur Général du Réseau Ducretet.
« Au niveau de la profession, cela risque de poser un vrai problème, notamment au niveau des profils techniques. Sur ces métiers pénuriques nous avons besoin de monde. Supprimer l’aide sur tous les contrats de professionnalisation est malvenu. Il existe plein de candidats, éloignés de l’emploi ou dans le cadre d’une reconversion, qui ne pourront malheureusement plus conclure de contrats de professionnalisation car il n’y aura plus cette aide à l’embauche. C’est une vrai problématique pour les services RH. Les entreprises qui avaient pour habitude de recruter des contrats de professionnalisation s’interrogent. Le gros inconvénient c’est que l’on va se priver de candidats volontaires, ayant du potentiel ».
Affecter les moyens à ceux qui en le plus besoin...
A partir du 1er mai, l’aide unique pour les contrats d'apprentissage sera donc uniquement réservés au recrutement d’apprentis. Julien Wypych, espère que son montant ne sera pas réduit à l’avenir. Il estime également qu’une approche plus fine devrait être abordée pour affecter les moyens à ceux qui en le plus besoin.
« On a bien compris que l’Etat cherchait à faire des économies partout y compris au niveau du financement des formations. A la limite, on nous dirait que les aides pour le contrat d’apprentissage ne sont plus valables pour les Bac +3, 4, 5, cela ne serait pas choquant sur des parcours de formation supérieurs où les candidats ont des capacités, des aptitudes, une plus forte valeur ajouté. Il n’y a pas besoin d’aider ni ces entreprises car elles les auraient recruté quand même, ni les grands acteurs de la formation détenus par des fonds de pension qui dégagent des marges incroyables. C’est peut-être à ces endroits-là qu’il faut aller regarder… Et non pas sur les niveaux inférieurs, infra-Bac, Bac, où l’on a, d’une part, un public plus fragile qui a véritablement besoin de ce soutien pour parvenir à s’insérer professionnellement et d’autre part, des besoins d’entreprises clairement exprimés sur des métiers en tension comme celui de la réparation ».