Leif Lindner. J’ai travaillé plus de 25 ans dans l’industrie de l’électronique grand public. Chez Sony d’abord puis au sein de Samsung Electronics Allemagne pendant plus de 15 ans, et notamment en tant que vice-président pour l’électronique grand public (TV, électroménager). Avant de prendre en charge l’organisation de l’IFA, j’ai donc vécu l’évènement en tant qu’industriel et exposant. J’étais bien placé pour savoir qu’un certain nombre de choses devaient évoluer. Aujourd’hui j’ai été nommé pour être en position de le faire.

Au-delà de la célébration de cet anniversaire, mon objectif est de montrer à tout le monde que l’IFA est tourné vers le futur. Nous vivons aujourd’hui le début d’un nouveau chapitre. Il faut désormais voir l’IFA comme la combinaison d’un salon de business, et d’un « Tech Show » au sens large dans tous sa dimension événementielle et « Entertainment ». Un salon doit innover pour être en phase avec son époque. Depuis sa naissance, il y a cent ans, l’IFA n’a pas cessé d’évoluer lui-même, conjointement aux évolutions technologiques. Nous utilisons les 100 ans de l’IFA pour montrer à tout le monde que l’IFA connait un nouveau départ.

A l’origine IFA était l’abréviation de « International Funkausstellung » (NDLR : qui se traduit en français par foire internationale de la radio), c’était devenu daté et inadapté. La vocation d’IFA aujourd’hui c’est d’être le lieu de rendez-vous de la technologie pour tous. Pour les acteurs de l’industrie, du commerce mais aussi pour les consommateurs. Rassemblés dans un lieu unique, ils vont pouvoir, présenter, découvrir partager un ensemble d’éléments leur donnant une vision du futur. Outre une offre riche de nouveautés exposées sur les stands, les professionnels vont également bénéficier d’un programme de conférences de haut niveau. Nous avons la volonté d’attirer des leaders de l’économie de notre industrie mais également de secteurs périphériques.

Clairement. Il faut rajeunir les codes de communication pour être raccord avec ceux des acteurs du monde d’aujourd’hui et de demain. Au cours de ces derniers mois, nous avons réalisé une grande étude auprès de nos exposants afin de savoir si cette direction était la bonne. Plus de 50 comptes-clés de l’industrie exposants à l’IFA ont été interrogés ainsi que ceux du Retail. Les résultats ont validé le fait que la force de l’IFA c’est d’être à la fois un salon B2B et B2C à la condition de réaliser l’événement de la meilleure manière et la plus lisible possible.
Pour l’industrie et le commerce, l’IFA est une opportunité de mettre en lumière la technologie dans l’esprit du public avec les moyens actuels, et notamment la dimension « entertainment » qui est devenu capitale aujourd’hui.
IFA 2024 marque le retour des concerts dans le « Sommergarten » au centre du parc. IFA Next regroupera les start-up en pointe sur des sujets tels que l’IA, le développement durable, la « Beauty Tech »… Tous ces sujets pertinents pour le futur du business auront leur vitrine ici. L’invité d’honneur sera la Corée du Sud cette année. Autre exemple, celui de grandes marques qui, sur le salon, mettent en scène leur partenariats avec des célébrités. Je pense, par exemple, à Erling Halend, ambassadeur de Midea ou encore Kylian Mbappé, nouvel ambassadeur de la marque Loewe. Au-delà de ces exemples, c’est un programme très complet d’animations qui s’annonce.

Cela s’inscrit dans cette logique d’avoir une image claire du marché. En 2024, le secteur IFA Global Markets, qui regroupe toute les activités concernant le secteur OEM/ODM sera déployé sur un lieu différent, celui de Station Berlin, à 20 minutes du parc des expositions. Cette section durera trois jours et présentera l’offre de 1 200 exposants. Le Top 5 en terme de zones de produits à découvrir sera l’électroménager, la maison connectée, l’électronique mobile, l’audio/vidéo et le stockage d’énergie. Nous revenons à une localisation qui était celle en vigueur il y a quelques années.

Comme je vous l’ai indiqué, nous avons interrogé, écouté et beaucoup travaillé avec les exposant au cours des derniers mois. Et aujourd’hui, 90% des gros exposants de l’IFA seront présents. 5 ou 6 seront absents, mais cela arrive à chaque édition en fonction de  raisons stratégiques diverses. C’est le cas, par exemple, du groupe Beko qui a racheté les activités de Whirlpool en Europe. Il nous ont fait part d’un besoin de plus d’espace leur permettant de présenter l’étendue de l’offre de leur nouveau périmètre de marques. Mais cela n’a malheureusement pas été possible compte-tenu de la commercialisation et des espaces disponibles. La décision finale est arrivée tardivement dans le calendrier, cela a été compliqué, mais nous avons géré la situation. La bonne nouvelle, c’est que nous discutons ensemble de leur participation 2025 sur une surface renforcée.

En ce qui concerne la répartition de l’offre sur le salon entre électroménager et électronique grand public, elle varie d’une édition à l’autre mais reste quasiment à part égale en terme de volumes d’espaces occupés. Il est vrai que, si vous comparez à la situation d’il y a 10 ans, le paysage de l’électronique grand public a beaucoup changé et dans le même temps les achats de grands acteurs de la distribution se sont centralisés. Une chose demeure cependant, en se rencontrant en septembre sur l’IFA, les marques et les acheteurs ont l’occasion de finaliser les opérations du dernier trimestre. Nous travaillons également à faire revenir à Berlin les grands acteurs spécialistes de l’audio et de la Hi-Fi. Ce marché a connu de profondes évolutions en terme de technologies et d’acteurs mais il représente toujours une cible importante.

Les deux évènements sont différents. Le CES est aujourd’hui davantage orienté sur la mobilité et l’automobile. Il n’y a plus de grand salon de l’automobile en Amérique et ce salon a occupé une place vacante. Par ailleurs, comme il se déroule en tout début d’année, il est utilisé par les grandes marques mondiales de téléviseurs pour la présentation de leurs nouvelles gammes lancées en mars/avril.
L’électroménager à un cycle différent. Pour beaucoup de grands groupes, c’est sur IFA que sont dévoilées les nouveautés en première mondiale. Les gammes 2025, les innovations, les tendances produits seront d’ores et déjà visibles sur IFA à Berlin dés le mois de septembre. Et c’est aussi le cas dans des secteurs tels que la Santé connectée, la « Beauty Tech » ou d’autres secteurs de l’électronique grand public. Pour les acheteurs, IFA est donc plus que jamais le timing idéal permettant d’avoir la bonne vision sur toutes ces catégories et préparer le business de l’année prochaine.

La France est historiquement un pays important pour l’IFA. Environ 10% des visiteurs professionnels du salon en sont issus. Lors de nos échanges avec des acheteurs français, ceux-ci souligné l’importance d’avoir des représentants de leur pays sur les stands, notamment chez les grands groupes. Nous avons remonté ces informations auprès des sièges européens de l’industrie.
Au printemps, à l’occasion d’un séminaire du groupe Euronics, nous avons également beaucoup échangé avec des distributeurs indépendants. Venir à l’IFA, leur permet d’avoir une vision de l’évolution du marché et d’orienter leur stratégies commerciales et marketing dans les bonnes directions. Après la crise du Covid, les salons ont été un peu délaissés, mais les choses changent à nouveau. Un article récent dans la presse économique allemande, expliquait que les visiteurs sont de retour sur les salons. Aujourd’hui, nous assistons à la renaissance des « trade-shows ». Par contre, les visiteurs privilégient encore davantage les évènement les plus pertinents. Dans le monde de la Tech, il y a 4 ou 5 shows mondiaux qui comptent. IFA change pour demeurer dans ce Top 5, et je vous invite à vous rendre à Berlin du 6 au 10 septembre pour le découvrir.