Le potentiel du marché de la location est extrêmement large, voire infini

Raphaël Masbou -
CEO de Lokki

Le potentiel du marché de la location est extrêmement large, voire infini

le 2 septembre 2024
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A l'heure de l'économie de l'usage, la start-up Lokki édite un logiciel SaaS pour accompagner les loueurs à développer leur activité et la première marketplace dédiée à la location d’équipements de loisir. Le logiciel Lokki s’adresse aussi bien aux indépendants qu’aux grandes enseignes comme E.Leclerc, Decathlon ou Jardiland, clients de l'entreprise née il y a cinq ans. Raphaël Masbou, CEO de Lokki, nous explique la genèse de la plateforme, son mode de fonctionnement et le potentiel de la location pour les consommateurs et le retail.

Le potentiel du marché de la location est extrêmement large, voire infini

Neomag. Comment la plateforme Lokki est-elle née et comment a-t-elle évolué ?

Raphaël Masbou. L’objectif de notre logiciel est de  faciliter la gestion de la location, pour les professionnels. Il permet de piloter, de manière totalement dématérialisée les stocks, les réservations, la relation client… L’entreprise est née il y a bientôt cinq ans. Initialement, nous nous sommes adressés à des loueurs de vélos. La plupart des indépendants que nous avons commencé à accompagner faisaient déjà de la location, mais de manière artisanale, avec des process très chronophages et beaucoup de risques d’erreurs.
L’ambition de Lokki est de proposer une solution clé en main, qui leur permet de gagner du temps et de simplifier l’expérience client, en mettant en place un parcours en ligne.
Au départ, Lokki était un logiciel SaaS (Software as a Service: NDLR) destiné aux indépendants, qui a évolué pour s’adresser également aux grands comptes.
Il y a deux ans, nous avons commencé à accompagner E.Leclerc, qui est notre client historique, ou encore des entreprises comme Decathlon (nous travaillons toujours avec une trentaine de magasins, de manière indépendante), Jardiland, Gamm Vert, Boulanger, Système U... Même si les loueurs indépendants constituent une large partie de notre clientèle. Aujourd’hui, nous avons un plus de 1 300 clients, partout en France, sur différents secteurs d’activités : vélo, sports nautiques, trottinettes, mais aussi bricolage, motoculture ou encore évènementiel. La force de notre solution, c’est qu’on peut absolument tout louer, depuis la perceuse jusqu’au nettoyeur haute pression, en passant par le barbecue. Nous répondons à un besoin  large et en pleine expansion, de l’économie d’usage, qui propose de louer uniquement ce dont on a besoin, lorsqu’on en a besoin. 
Grâce à une levée de fonds de 4 millions d’euros effectuée il y a un an et demi, nous avons quasiment pu doubler les effectifs en 2023. L’entreprise compte désormais 40 personnes.

Le potentiel du marché de la location est extrêmement large, voire infini

Avez-vous des concurrents et en quoi vous en distinguez-vous ?

Nous avons quelques concurrents, mais plutôt par « verticales » : dans l’univers du vélo, dans celui du retail, dans celui du nautisme (paddle, surf…). Là où nos concurrents sont beaucoup plus spécialisés dans un univers dédié, nous sommes pluridisciplinaires; c’est l’une de nos forces. Il y a aussi quelques différences  en matière de modèle économique. Nous avons choisi un modèle SaaS, soit un système de licence récurrent (du leasing de plateforme) quand des concurrents proposent des licences beaucoup moins chères, mais avec un système de commission sur le volume d’activités généré.

Pour un retailer qui souhaiterait entrer sur le marché de la location, quels sont les avantages de vos solutions ?

Les principaux bénéfices sont une solution clé en mains  très intuitive et surtout collaborative. C’est-à-dire que tout magasin ou retailer qui a une équipe dédiée pour lancer un service de location peut le gérer de manière groupée sur une plateforme unique. Quand l’un de ses clients veut par exemple louer un vélo, il peut le réserver en ligne, signer le contrat, payer… La gestion des stocks et du planning est automatisée. Il n’y a pas de doublons possibles (entre le front office et le back office), ce qui arrive malheureusement souvent quand on propose des produits en location.
Notre solution est également personnalisable ; c’est l’une de ses valeurs ajoutées. Cela plaît beaucoup et notamment aux grands groupes. Nos clients ont la possibilité d’avoir une page web personnalisée qu’ils intègrent sur leur propre site, en marque blanche.
Initialement, le premier atout de Lokki était de proposer une expérience en ligne aux clients. Or, consommer en ligne devient de plus en plus naturel. Quand on a lancé la plateforme, environ 20% du trafic était généré sur le front office dans Lokki, aujourd’hui, les statistiques tournent plutôt autour de 40%. Or, dans ces 40% de réservations effectuées sur Internet, plus de la moitié sont faites en dehors des heures d’ouverture du magasin. Pour le loueur, c’est un gain de chiffre d’affaires énorme, sachant qu’il n’a pas à intervenir puisque le client fait tout en totale autonomie. 
Enfin, nous ne nous contentons pas de fournir un logiciel ; nous faisons aussi profiter nos clients de notre expertise métier, par exemple en les conseillant pour qu’ils louent les bons produits, au bon moment et au bon prix. Nous savons comment lancer et gérer une activité de location. Nous les accompagnons à toutes étapes, en formant les équipes à l’utilisation de Lokki, puis en proposant un suivi de projets et un suivi des performances. Nous les aidons à développer leur activité et à améliorer leur visibilité grâce à notre marketplace Lokki.Rent.

“ La moitié des réservations en ligne sont faites en dehors des heures d’ouverture du magasin. Pour le loueur, c’est un gain de chiffre d’affaires énorme ”

Comment analysez-vous le marché de la location et comment évaluez-vous son potentiel de croissance ?

Notre objectif est de démocratiser la location. Nous n’avons pas la prétention de remplacer l’achat et la possession, mais nous souhaitons apporter un modèle complémentaire et bénéfique pour l’environnement. Presque 8 Français sur 10 préféreraient louer qu’acheter. Le modèle de la location et du leasing de voiture, par exemple, est déjà bien implanté dans notre modèle de consommation depuis une quinzaine d’années. La location de matériel commence à emprunter le même chemin.
Aujourd’hui, on tend vers un mode de consommation plus circulaire. Acheter un équipement comme une perceuse,  pour l’utiliser une fois dans l’année, est dépassé. Les grandes entreprises du retail en ont pris conscience et intègrent de plus en plus la location dans leurs services. Nous aidons aussi les entreprises – et notamment les grandes entreprises du retail – à faire évoluer leur modèle économique en développant des solutions complémentaires à leur métier de base. Notre enjeu est de faire pivoter les modèles traditionnels, très axés sur la consommation vers un modèle plus responsable et plus durable. 
Comme il s’agit d’un nouveau service, notre promesse d’experts de la location est de les accompagner pour que ce service soit facile à mettre en place, facile pour leurs collaborateurs et facile pour leurs clients. Actuellement, nous travaillons avec une trentaine de centres E.Leclerc et les résultats sont croissants. Les clients louent, reviennent louer et les magasins E.Leclerc commencent à être identifiés comme des loueurs.
En outre, il faut savoir qu’un service de location peut être beaucoup plus rentable qu’une vente ( deux fois plus rentable). Sur la partie retail, nous avons l’intuition que le potentiel du marché de la location est extrêmement large voire infini. Quand on voit de grandes enseignes qui sont au cœur du foyer des Français s’orienter vers ce type de service, on comprend qu’il y a une véritable tendance marché. Il y a une réponse à une demande,  mais aussi du chiffre d’affaires à réaliser.

“ Nous n’avons pas la prétention de remplacer l’achat et la possession, mais nous souhaitons apporter un modèle complémentaire et bénéfique pour l’environnement ”

Au printemps, Lokki était présent sur le salon BTLec Ouest 2024. Quelle est la nature du
partenariat mis en place avec les magasins E.Leclerc ? Comment
cela fonctionne-t-il ?

Il y a un an et demi, E.Leclerc avait initié ce projet en mettant en concurrence Lokki avec une solution concurrente sur un pilote d’une dizaine de magasins. À l’issue de l’année 2023, le groupe a choisi Lokki pour déployer son service de location courte durée à l’échelle nationale. Depuis janvier, nous travaillons avec une trentaine de centres E.Leclerc, plus une dizaine qui sont actuellement en cours de déploiement.
Nous avons un accord-cadre avec le GALEC qui permet à tous les magasins indépendants de bénéficier des avantages négociés. Ensuite, nous proposons des contrats d’application individuels à chacun. Une fois que le magasin a souscrit une licence Lokki, nous formons toutes les équipes concernées par ce service. Le magasin a le choix de proposer les produits qu’il souhaite dans la plateforme, sans limite de nombre, soit en se basant sur le référentiel que la centrale d’achat le GALEC a négocié, soit en passant directement par des fournisseurs locaux. Cette liberté de paramétrage plaît beaucoup aussi.
 Nous proposons également aux magasins un suivi de performances et nous leur présentons régulièrement les nouvelles fonctionnalités Lokki, lors de trimestrielles organisées par le GALEC. Avec les magasins E.Leclerc, nous développons un projet global. Nous ne sommes pas un simple prestataire, mais un partenaire qui accompagne les magasins pour qu’ils soient identifiés comme des loueurs de matériel et deviennent leaders de cette activité, comme ils le sont sur la location de véhicules utilitaires.

En matière de location, les magasins E.Leclerc ont-ils d’autres projets avec dans le secteur des biens techniques (électroménager, TV, image et son, téléphonie) ?

Les services font véritablement partie de l’ADN du groupe E.Leclerc. En matière d’électroménager et équipements high-tech, nous l’accompagnons sur la location d’enceintes, d’appareils de sonorisation ou de produits événementiels. Il dispose déjà de services de location de téléviseurs, de téléphones, d’ordinateurs… Mais il s’agit plutôt de locations longue durée, qui ne sont pas gérées sur Lokki, mais en interne.
 Avec ce partenaire, nous travaillons exclusivement sur des locations courte durée, de quelques heures à 28 jours. Mais Lokki est également capable de proposer des solutions pour de la location longue durée ; un module dédié a été développé récemment. Par exemple, nous accompagnons des collectivités sur des services de location longue durée de vélos destinés aux habitants.

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