Le scénario de référence de la Banque de France* demeure celui d’une sortie de l’inflation sans récession en 2025, avec une reprise en 2026 et 2027. En 2024, l’activité progresserait à hauteur de 1,1 %, tirée principalement par le commerce extérieur. La croissance resterait positive en 2025 mais diminuerait un peu. Conjointement à la reprise attendue de la demande chez nos partenaires européens, elle serait ensuite plus dynamique en 2026 et 2027, sous l’effet notamment d’une moindre inflation, et du desserrement réalisé de la politique monétaire.
En 2024, l’inflation totale a reculé sensiblement et devrait retomber en moyenne annuelle à 2,4 %. Sur l’horizon de prévision, l’inflation s’inscrirait durablement en dessous de 2 %. Le ralentissement des prix serait favorisé par celui des prix de l’alimentation, de l’énergie et des biens manufacturés, tandis que l’inflation dans les services baisserait plus lentement, expliquant un recul plus progressif de l’inflation sous-jacente vers 2 %. Comme anticipé, le marché du travail commence à entrer dans une phase transitoire de ralentissement, concentrée sur l’année 2025. Le taux de chômage atteindrait un pic inférieur à 8 % en 2025 et en 2026, avant de repartir à la baisse dans le sillage de la reprise de l’activité.
Les prévisions économiques de la Banque de France pour 2025
Alors que l’année 2024 a été particulièrement intense sur tous les plans, les Français aspirent cette année, encore plus qu’habituellement, à profiter des fêtes de fin d’année pour se ressourcer. Ils ont en bien besoin, car si l’année 2025 ne devrait pas être pire, elle ne sera probablement pas meilleure. Signe positifs cependant selon les prévisions de la Banque de France : une inflation qui devrait poursuivre sa décrue, une consommation des ménages qui devrait être étale et des indicateurs qui signalent un redressement à venir dans l’immobilier.
La croissance resterait positive en 2025 mais diminuerait un peu, avant de gagner en vigueur en 2026
D’après la dernière enquête de conjoncture de la Banque de France établie à début décembre, l’activité serait stable au quatrième trimestre, sous l’effet d’un contrecoup négatif des Jeux olympiques et paralympiques sur l’activité, après leur impact positif sur la croissance au troisième trimestre 2024. La croissance atteindrait ainsi 1,1 % sur l’ensemble de l’année. Elle serait surtout tirée par le commerce extérieur, mais freinée par des phénomènes de déstockage. En dépit des gains de pouvoir d’achat des revenus salariaux, la consommation progresserait modérément en 2024, pénalisée par le maintien du taux d’épargne à un niveau de près de 3 points supérieur à son niveau pré-Covid.
En 2025, l’économie française continuerait de croître à un rythme assez faible, de l’ordre d’un quart de point par trimestre, soit 0,9 % en moyenne annuelle. La demande intérieure serait en effet affectée non seulement par les mesures de consolidation budgétaire, mais aussi par le contexte d’incertitude qui les entoure. De ce fait, la consommation des ménages accélérerait seulement modérément après avoir connu une croissance atone en 2024.
Une inflation qui poursuivrait sa décrue
En 2025, l’inflation diminuerait de nouveau pour s’établir à 1,6 % en moyenne annuelle, après 2,4 % en 2024. Ce recul s’expliquerait en particulier par une inflation négative des prix de l’énergie (baisse des tarifs réglementés de vente de l’électricité en début d’année, prix du baril à 68 euros selon les hypothèses techniques tirées des marchés à terme, contre 76 euros en 2024). L’inflation hors énergie et alimentation poursuivrait sa décrue à 2,2 %, après 2,4 % en 2024.
Le taux de chômage progresserait en 2025 et 2026 avant de redescendre en 2027
Selon les derniers indicateurs conjoncturels, le marché du travail montre des signes de fléchissement, après avoir été étonnamment dynamique depuis la pandémie (1,1 million de créations nettes d’emplois depuis fin 2019). La dernière estimation de l’emploi salarié de l’Insee indique seulement une légère progression de 27 000 emplois sur trois mois de l’emploi salarié privé à fin septembre, après un recul de – 32 900 emplois au trimestre précédent. Les enquêtes de conjoncture vont également dans le sens d’un moindre dynamisme de l’emploi.
L’emploi est révisé à la baisse, du fait principalement d’une moindre activité dans les branches marchandes
Selon les projections de la Banque de France, l’emploi total se replierait ainsi à partir du quatrième trimestre 2024 et jusqu’à début 2026. Il serait affecté avec retard par le ralentissement de l’activité et par le rétablissement partiel des pertes de productivité observées depuis la période Covid.
Cependant, la plus grosse partie des pertes de productivité s’expliquant par des facteurs plus durables (augmentation passée des contrats d’apprentissage et autres effets de composition de la main-d’œuvre), ce rattrapage ne serait que partiel. L’emploi est révisé à la baisse, du fait principalement d’une moindre activité dans les branches marchandes.
Les projections d’emploi tient compte des mesures de diminution de la prime à l’apprentissage et de la baisse des exonérations de cotisations sociales prévues par les textes budgétaires initiaux. En l’absence de ces mesures, l’emploi pourrait être plus dynamique.
Étant donné les nouvelles trajectoires d’emploi, le taux de chômage atteindrait un niveau de 7,8 % en moyenne annuelle en 2025 et en 2026, avant de repartir à la baisse pour s’établir à 7,4 % en 2027.
La consommation des ménages redeviendrait le principal moteur de la croissance à partir de 2025, soutenue par les gains de pouvoir d’achat de la masse salariale
Sur la base des projections d’inflation, de salaire par tête et d’emploi, le pouvoir d’achat de la masse salariale progresserait de manière continue sur notre horizon de prévision mais sa composition évoluerait. En 2024, il progresserait de 0,7 % et serait tiré conjointement par l’emploi salarié ainsi que par la progression des salaires réels par tête. En 2025, il évoluerait à un rythme légèrement supérieur avec une croissance de 0,9 %, porté par l’accélération des salaires réels et malgré un tassement de l’emploi. Il accélérerait ensuite en 2026 et en 2027 grâce à la reprise de l’emploi dans le sillage de l’activité.
À court terme, la progression de la consommation des ménages resterait assez limitée, avec une croissance de 0,8 % en 2024 puis de 0,9 % en 2025. Elle retrouverait ensuite un peu de dynamisme à moyen terme, avec une croissance de 1,1 % en 2026 comme en 2027, grâce aux gains de pouvoir d’achat de la masse salariale, sous réserve que l’incertitude actuelle s’estompe et n’incite plus à des comportements d’épargne de précaution.
Un taux d’épargne qui devrait rester à haut niveau
En miroir de cette reprise de la consommation, le taux d’épargne entamerait une décrue mais resterait en 2027 à un niveau encore supérieur à sa moyenne historique pré-Covid. Cette décrue du taux d’épargne sur l’horizon de prévision s’expliquerait en partie par un mouvement inverse à celui qui a été observé sur les derniers trimestres au moment où les revenus du patrimoine contribuaient fortement à la hausse du revenu des ménages du fait de la hausse des revenus nets d’intérêt.
En effet, les revenus du patrimoine ont une propension plus forte à être épargnés, ce qui a pu contribuer en 2023-2024 à faire augmenter le taux d’épargne des ménages. Par le mécanisme inverse, le repli attendu des revenus d’intérêt, conjugué aux gains de pouvoir d’achat accrus de la masse salariale, devrait entraîner une baisse du taux d’épargne à partir de 2025.
Immobilier : des indicateurs qui signalent un redressement à venir
L’investissement des ménages s’est fortement contracté en 2023 et poursuivrait son recul en 2024. Cependant, un certain nombre d’indicateurs signalent un redressement à venir. D’abord, le pouvoir d'achat immobilier des ménages s’est légèrement redressé grâce à la détente des taux d’intérêt et des prix immobiliers. Ensuite, la production de crédits aux ménages a redémarré depuis avril 2024, signalant une reprise des transactions dans l’ancien et un redressement de l’investissement des ménages dans les services liés à l’immobilier, même si cette reprise se heurte encore à un certain attentisme du marché.
Enfin, les permis de construire semblent s’être stabilisés après une longue période de baisse. Sous réserve que cette dynamique se poursuive et se transmette aux mises en chantier, le redressement dans le logement neuf interviendrait à partir du milieu de l’année 2025. L’investissement des ménages rebondirait alors plus nettement en 2026 et en 2027, quand les effets de l’assouplissement des conditions monétaires et financières seront complets et que le pouvoir d’achat immobilier des ménages se sera suffisamment redressé.
* Ces projections macroéconomiques de la Banque de France ont été arrêtée avant la motion de censure, avec des hypothèses de finances publiques proches du projet de loi de finances conduisant à une réduction sensible du déficit public à 5 % du PIB en 2025. Selon la Banque de France, une moindre consolidation budgétaire n’entraînerait pas pour autant un surplus de croissance, car l’effet négatif de l’incertitude accrue sur la demande des ménages et des entreprises jouerait en sens opposé.