Le bonus réparation évolue pour financer plus largement l’univers de la réparation

Le bonus réparation évolue pour financer plus largement l’univers de la réparation

le 27 mars 2025
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Le bonus réparation a été lancé le 15 décembre 2022. Il consiste à financer une partie des factures de réparation pour inciter les Français à faire réparer leurs appareils électroménagers plutôt qu’à les renouveler. À l’occasion de son second anniversaire, ce dispositif a été à la fois salué et critiqué. En cause : une enveloppe généreuse qui n’a pas été entièrement dépensée et un déficit de notoriété. Une partie du budget va justement être réorientée, pour l'allouer à la formation de réparateurs et à la communication.

Le bonus réparation évolue pour financer plus largement l’univers de la réparation

À l’occasion des deux ans du bonus réparation, certains acteurs du secteur et associations ont pris la parole pour faire le point. Tout le monde s’accorde à dire que le bonus réparation est une bonne chose et que les évolutions dont il a bénéficié en 2024 ont contribué à le booster (pour rappel : augmentation du bonus pour certains appareils voire doublement du montant, élargissement des appareils éligibles et extension des critères d’éligibilité, accès facilité à la labellisation pour les petites structures du monde de la réparation…).

L’association HOP voit grand, réclamant une harmonisation des bonus pour les différentes filières (QualiRépar, Bonus réparation, Ecomaison, BonusRépar) ainsi qu’une plateforme commune. En attendant cette « communication harmonisée », HOP a créé le site bonusreparation.org qui en fait office (dont on peut voir une capture d'écran ci-dessus).

Des reproches récurrents

Mais ces acteurs adressent aussi quelques reproches au dispositif qui doit selon eux évoluer. Tout d’abord, son manque de notoriété. Murfy, par exemple, affirme dans son communiqué de presse publié à l’occasion des deux ans du bonus, que « un client sur deux découvre l’existence du bonus réparation lors de sa prise de rendez-vous. Le manque de notoriété du dispositif constitue un frein à son plein déploiement ». Des chiffres corroborés par l’étude Trajectoires du Gifam selon laquelle 6 français sur 10 ont déjà entendu parler du bonus.
Autre critique récurrente : si de nombreux Français ont pu profiter du dispositif en 2024, le montant total des bonus versés est loin d’atteindre l’enveloppe prévisionnelle (qui s’étend jusqu’à fin 2027 avec des étapes annuelles). Dans son communiqué de décembre dernier, Spareka déplore : « moins de 20% du budget annuel de 126,5 millions d’euros alloué au dispositif a été utilisé, avec seulement 23,1 millions d’euros dépensés. Ce paradoxe s'explique par un manque de communication, de réparateurs labellisés (12 481 techniciens répartis sur 7 412 sites), et une couverture territoriale de réparateurs compétents insuffisante ». Même regret du côté de Murfy, qui indique que : « 94 millions d’euros sont encore disponibles sur une enveloppe totale de 113 millions. Des millions d’euros à côté desquels les Français passent sans le savoir ».
Quant à HOP, l’association fait le même constat à l’échelle de l’ensemble des filières qu’elle souhaite d’ailleurs voir regroupées avec une harmonisation des dispositifs : appareils électriques et électroniques, chaussures, textile, mobilier...

 

Cette infographie du Gifam s’appuie sur les chiffres des éco-organismes ecosystem et Ecologic. Sur le podium des équipements les plus réparés en 2023, si le smartphone figure sur la première marche, les deux autres sont des appareils électroménagers.

Où en est-on vraiment ?

Difficile de s’y retrouver dans tous ces chiffres (qui d’ailleurs ne sont pas les mêmes s’ils sont arrêtés à la date anniversaire du bilan, un peu avant ou fin 2024). Nous sommes allés chercher les chiffres officiels à la source. Claire Lemarchand, Directrice de la communication chez ecosystem, nous a fourni les chiffres arrêtés à fin 2024 (il s’agit des données de QualiRépar, qui regroupent donc ceux des deux éco-organismes, ecosystem et Ecologic). Dans l’année, 715 227 réparations ont été réalisées avec un bonus, ce qui représente 24, 3 millions d’euros alloués vs 4 millions d’euros en 2023 (pour 181 000 réparations). Parmi ces interventions, 30% sont des réparations à domicile, 68% en atelier et le reste en visio (nouvellement éligible depuis 2024).

Pour rappel, l’enveloppe totale allouée au fonds réparation s’élève à 512 millions d’euros étalés sur cinq ans. Arrivé fin 2024, 29,3 millions ont été dépensés au total. « L’objectif s’étale jusqu’à fin 2027, sur toute la durée de l’agrément. Nous avons un objectif de dépenses qui est relatif à une augmentation du nombre de réparations réalisées par les Français. Cela se base sur une étude de l’Ademe. Nous devons augmenter de 20% le nombre de réparations hors garantie en France » nous rappelle Claire Lemarchand.

Ce tableau émane de l’Observatoire du fonds réparation de la CLCV. Il récapitule les objectifs fixés aux éco-organismes et ce qui a été réalisé depuis le lancement du dispositif.

Le nœud du problème : le manque de réparateurs

Certains acteurs souhaiteraient que le montant du bonus soit augmenté pour des produits qui n’en ont pas encore bénéficié. Murfy cite comme exemple les fours encastrables : « une réévaluation du dispositif permettrait d’atteindre l’objectif fixé par le fonds réparation, à savoir un bonus couvrant 20% du coût de la réparation ». Mais dépenser l’argent du fonds n’est pas le principal problème ; il faut aussi augmenter le volume de réparations et pour cela, il faut des réparateurs. « L’enveloppe est très importante. Nous pensons même qu’elle est probablement surdimensionnée au regard du nombre de réparateurs présents en France » déclare Claire Lemarchand. « À l’instant T, il en manque entre 2500 et 3000. Sachant qu’il s’agit d’une population vieillissante, surtout dans les petites structures. Si nous ne faisons rien, ce manque va aller crescendo » estime-t-elle. Quant au second reproche formulé par certains acteurs du monde de la réparation concernant la méconnaissance du bonus, le problème est encore le même selon elle : « si on regarde froidement les chiffres, on peut se dire qu’on est loin du compte. Mais d’abord, on manque de réparateurs. Ensuite, pour commencer à faire des campagnes de sensibilisation, il fallait un minimum de réparateurs labellisés. Créer une demande ne sert à rien s’il n’y a pas suffisamment d’offre et de capacité à réparer » - celle-ci soulignant aussi que les réajustements effectués en 2024 ont porté leurs fruits, ce sur quoi tout le monde s’accorde.
Cela fait aussi partie des multiples explications possibles au nombre insuffisant d’entreprises labellisées : pourquoi se lancer dans l’aventure de la labellisation si les carnets de commande sont déjà pleins et si on manque de main d’œuvre ? À fin 2024, le réseau QualiRépar comptait 1257 entreprises labellisées, soit un total de 12 327 techniciens au total (qu’ils travaillent en atelier, au domicile des clients ou à distance en visio). Grâce aux conditions qui ont été allégées pour les petites structures, le réseau a pu s’étoffer mais c’est encore insuffisant.

Sur la page du site ecosystem où figure l’annuaire des réparateurs labellisés, on trouve également un compteur de réparations effectuées avec le bonus et des avis d’utilisateurs.

Soutien à la formation et à la sensibilisation

Les éco-organismes sont en charge de piloter le fonds réparation. Ayant constaté que l’enveloppe était « surdimensionnée » et que la principale urgence était de former des techniciens, la possibilité de créer une sorte de sous-fonds pour soutenir la formation, à hauteur de 15 millions d’euros sur trois ans, leur a été accordée.

« La loi dit que l’enveloppe du fonds réparation que les deux éco-organismes constituent ne doit financer que le bonus. Or, nous avons obtenu des pouvoirs publics que l’on puisse soutenir les efforts de formation pour former des réparateurs, à hauteur de 5 millions d’euros par an sur les trois prochaines années – 2025, 2026 et 2027 » détaille Claire Lemarchand. Voilà qui permettra non seulement de s’approcher de l’objectif de 512 millions d’euros sur 7 ans, tout en donnant un vrai coup de pouce aux métiers de la réparation. La manière dont ces fonds seront utilisés n’est pas encore précisée.

Autre évolution consentie à la demande des éco-organismes : une partie des dépenses liées à la communication et à la sensibilisation pour faire connaître le bonus sera financée par le fonds réparation. Le plafonnement du montant est défini par un arrêté dont voici l'extrait : « par ailleurs l’éco-organisme consacre chaque année au moins 1 % du montant total des contributions financières qu’il perçoit pour la réalisation de campagnes d’information et de sensibilisation d’envergure nationale et locales portant sur le fonds dédié au financement de la réparation. Ces campagnes peuvent être financées en utilisant les ressources financières allouées au fonds prévu au L. 541-10-4 dans la limite de 5 % de ces ressources ».

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