Par Philippe Michel
Les chiffres communiqués par la FCGA et la Banque Populaire ne sont pas bons. Et ils ne sont pas faux. Si Virgin n’est plus, si Darty n’est pas au mieux, il est évident que les magasins indépendants prennent de plein fouet la crise. Il suffit de constater les restructurations en cours au sein des principales enseignes, et les défaillances régulières d’adhérents historiques, dont nous n’annonçons pas les noms mais dont nous ne pouvons ignorer le nombre.
Alors oui, le commerce associé perd des parts de marché, notamment dans ses secteurs phares tels que l’électroménager. Mais cette baisse s’explique par la diminution du nombre de magasins, et donc de chiffre d’affaires. D’ailleurs les enseignes ne cherchent plus la course au nombre mais veulent au contraire un réseau plus fort, quitte à être plus resserré.
Cela passe évidemment par de nouvelles stratégies pour les enseignes. De distribution avec une digitalisation accélérée des magasins. D’achat avec des référencements plus différenciants et plus qualitatifs dans le choix des marques.
De nouveaux comportements pour les magasins. Vis-à-vis des clients pour humaniser une relation et ne plus la mettre sur le terrain du prix. Vis-à-vis de l’enseigne où la contestation face à certaines décisions doit céder le pas à l’unité.
la destruction de dizaines de milliers d’emplois dans l’artisanat et le commerce de détail est prévisible
Si l’examen détaillé des 50 professions étudiées permet de nuancer les comparaisons sectorielles, elle ne remet cependant pas en cause le diagnostic général : 2012 marque une rupture préoccupante dans la vie économique et sociale des TPE. Pour Christiane COMPANY, Présidente de la FCGA « Si cette mauvaise conjoncture perdure, elle entraînera, dans les 12 à 18 prochains mois, la destruction de dizaines de milliers d’emplois dans l’artisanat et le commerce de détail ».
Le palmarès des secteurs
Aucun des 12 secteurs d’activité analysés (hors vente-réparation automobile) n’améliore ses performances par rapport à l’année précédente.
3 d’entre eux affichent néanmoins un taux de croissance positif (mais en recul par rapport à 2011) :
- L’agriculture sylviculture ostréiculture : +1,9% (contre +7,1% en 2011)
- Le transport : +0,8% (contre +4,3% en 2011)
- Le commerce de détail alimentaire : +0,6% (contre +1,5% en 2011)
7 autres enregistrent une variation de chiffre d’affaires inférieure ou égale à l’indice moyen enregistré en 2012 (-2%), mais tout de même en recul par rapport à l’année précédente (hors vente-réparation automobile) :
- La culture et les loisirs : -0,1% (contre +0,6% en 2011)
- La vente et réparation automobile : -0,3% (contre -1,9% en 2011)
- La santé : -0,7% (contre +0,3% en 2011)
- La beauté-esthétique : -1,2% (contre +0,5% en 2011)
- Les services : -1,4% (contre +4,1% en 2011)
- Les cafés, hôtels, restaurants : -1,7% (contre +2,2% en 2011)
- L’équipement de la personne : - 2% (contre +0,7% en 2011)
2 secteurs, enfin, sont nettement en dessous du taux moyen annuel (-2%) :
- L’équipement de la maison : -4,4% (contre +1,9% en 2011)
- Le bâtiment : -4,8% (contre +4% en 2011)
Méthodologie de l'Observatoire
Tous les mois, près de 70 centres de gestion agréés (CGA), répartis sur l'ensemble du territoire national, transmettent les chiffres d'affaires, rendus anonymes, de leurs adhérents à la Fédération. Les indices d'activité sont calculés chaque trimestre, à partir des chiffres d'affaires d'un échantillon de 15 000 petites entreprises de l'artisanat, du commerce et des services. L'évolution des activités est pondérée par le nombre d'entreprises recensées par l'INSEE dans chaque secteur considéré. Un questionnaire est parallèlement adressé chaque trimestre à près de 2 000 petites entreprises représentatives, permettant d'établir le baromètre du moral des dirigeants et de leurs intentions d'investissement et de recrutement.