Eric Tixier
Concept franco-français, et par là même unique au monde, les « Écoles de la Deuxième Chance » portent bien leur nom. Elles s’adressent en effet à des personnes sans diplôme ni qualification professionnelle et visent, via une formation spécifique, à favoriser leur insertion sur le marché du travail. Concernant la filiale française du groupe allemand d’électroménager, ce n’est pas une nouveauté mais au contraire une montée en puissance du dispositif puisque le groupe s’agit là de la troisième promotion. "Il y a un an environ, nous avons reçu 150 candidats parmi lesquels 14 ont été sélectionnés, explique Gabriel Schumacher, directeur logistique BSH et pilote de l’opération, Suite à un désistement et 2 abandons, l’effectif est passé à 11 et parmi ces 11 « élèves » désormais détenteurs d’une qualification correspondante à un CAP de cariste, 8 viennent d’être embauchés".
Caristes qualifiés : une demande supérieure à l’offre
Si les E2C représentent une belle opportunité de mieux approcher le monde professionnel pour des personnes en difficulté, elles constituent également, vis-à-vis des entreprises, une option venant en appui au recrutement de collaborateurs.BSH France dispose à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne) d’une plateforme nationale employant quelque 150 personnes et d’’une surface de 60 000 m2 (intégrant un quai ferroviaire privé de près de 430 m de long), celle-ci à la triple mission de réceptionner les produits provenant des usines, de stocker ces appareils et, en dernier lieu, d’organiser les livraisons auprès des clients distributeurs. "Pour cela, nous avons besoin de caristes qualifiés sachant conduire des engins notamment dotés de pinces qui permettent de déplacer, en une fois, jusqu’à 12 lave-vaisselle précise Gabriel. Schumacher. Or, en Île-de-France, la demande pour ce type de professionnels s’avère bien plus forte que ce que le marché du travail propose. De là, nous est venue l’idée de former nos futurs collaborateurs caristes nous-mêmes et la création de notre E2C…"
Conjuguer sécurité des personnes et intégrité des produits
Dans le détail, l’E2C de BSH repose sur une formation qualifiante en alternance de 9 mois. Celle-ci se déroule au sein de l’entrepôt de Tournan-en-Brie sous la houlette de 2 moniteurs et selon un programme en trois volets : sécurité, qualité, productivité. "Les deux premiers thèmes sont les fondamentaux du métier. De par leur nature plutôt théorique, ils demandent de la part des moniteurs beaucoup de pédagogie, d’explications et de dialogue auprès des élèves qui ont pour point commun d’être en situation d’attente de structure. Il faut en particulier justifier le fait de ne pas passer de suite à la pratique, de ne pas, dès les premières semaines, monter sur un chariot pour le conduire. Puis, quand nous passons à la phase Productivité, la vigilance augmente encore d’un cran de la part de l’encadrement car il en va tout à la fois de la sécurité des personnes, de l’intégrité des produits et de la validité de la formation".
Le 31 janvier 2017, l’École de la deuxième chance de BSH France remet à ses 11 lauréats leur diplôme à l’issue d’une formation de 9 mois en alternance. Pour Gabriel Schumacher, directeur logistique BSH et pilote de l’opération (à gauche sur la photo), l’E2C "permet de mieux relever le défi d’une logistique en parfaite adéquation avec les attentes de nos partenaires"
Collaboration avec les partenaires distributeurs
Mais le jeu en vaut la chandelle. D’ailleurs, l’initiative de l’E2C de BSH France a été primée en interne au niveau international du groupe. De fait, par le jeu de cette qualification de personnes initialement en déshérence professionnelle et d’un recrutement en « direct », l’E2C atteint pleinement son double objectif. Mieux encore, BSH y ajoute une troisième dimension de partage. D’une part, il est en effet envisagé une prochaine duplication de l’expérience sur le site BSH de Rodez (Aveyron).
D’autre part BSH se déclare tout prêt à collaborer dans le cadre de son E2C avec ses partenaires distributeurs qui, dans cette perspective, pourraient embaucher les personnes formées par BSH. Tant et si bien que l’E2C BSH rentre progressivement auprès des équipes commerciales dans une logique de service supplémentaire que chacune des cinq marques du groupe pourrait apporter à ses clients respectifs.
"L’E2C nous permet de mieux relever le défi d’une logistique en parfaite adéquation avec les attentes de nos partenaires, conclut Gabriel Schumacher. Elle s’inscrit dans notre pari d’avoir créé en 1997 notre plateforme nationale unique de Tournan-en-Brie, agrandie à 4 reprises entre-temps, afin de répondre au mieux aux nouvelles règles de la logistique dont les maîtres mots sont disponibilité et réactivité. Cette forte pression de délais d’approvisionnements toujours plus courts s’explique en trois points. Tout d’abord par la baisse volontaire des niveaux de stocks dans les circuits de la distribution. Ensuite par l’orientation multicanal de ces mêmes distributeurs. Et, enfin, par un consommateur final de plus en plus exigeant et… impatient. De fait, l’immédiateté est devenue la règle. C’est ainsi que notre E2C relève d’un cercle vertueux. Elle participe à mieux satisfaire chaque acteur de la filière, du particulier jusqu’à nous, industriel, en passant par la distribution tout en favorisant l’emploi !" En juin 2017 débutera la quatrième promotion…