Mardi 14 avril, au lendemain de l'intervention présidentielle annoncant le maintyient du confinement jusqu’au 11 mai, le Conseil du Commerce de France fait part de ses préoccupations. "Cela fera donc deux mois de fermeture pour la majorité des commerces non alimentaires qui, sans possibilité de réaliser leur chiffre d’affaires, doit pour autant continuer à payer leur loyer et leurs charges fixes. Le report de charges déjà annoncée ne suffira pas à sauver ces entreprises, alerte le Cdcf". De même, les commerçants ont des difficultés pour accéder aux prêts garantis par l’Etat (PGE). En effet, la crise des gilets jaunes puis les mouvements sociaux ont eu pour conséquence depuis 18 mois de baisser les chiffres d’affaires et de réduire les marges. De plus, la plupart des commerçants ne sont pas propriétaires de leur magasin. Dès lors, les banques considèrent le commerce comme un secteur risqué y compris lorsque les commerçants n’ont jamais été en défaut de paiement, et refusent d’accorder les PGE malgré la garantie de l’Etat à hauteur de 90%".
Préparer la réouverture au public dans des conditions optimales de sécurité
Le CdCF souhaite que des solutions soient trouvées pour lever ces deux points de tension et permettre ainsi aux commerçants de retrouver des marges de manœuvre financière. Un message politique fort doit être porté pour donner de l’élan à la reprise de l’activité économique et commerciale dans notre pays. Le Conseil du Commerce de France indique travailler avec ses adhérents pour préparer la réouverture au public des commerces non alimentaires, dans des conditions optimales de sécurité, en s’appuyant notamment sur une analyse des risques du parcours clients dans les différents domaines d’activité qu’ils représentent.
Seuls quelques commerçants réalisent des livraisons en direct
Le Conseil du Commerce de France a mené du 31 mars au 8 avril 2020, une enquête sur les répercussions de la crise du COVID19 sur le commerce auprès de 16 de ses fédérations adhérentes représentant l’ensemble des secteurs du commerce non alimentaire.
Il en ressort que les commerces fermés ne peuvent pas maintenir une activité car les restrictions de déplacements ont considérablement mis un frein au retrait de commandes par leurs clients. Seuls quelques commerçants réalisent des livraisons en direct ou par un tiers lorsque cela est possible.
Pour 8 % des franchisés et indépendants qui ont pu maintenir une activité de vente à distance de produits, le commerçant privilégie la livraison à domicile.
Question : Dans quelle situation se trouve actuellement votre commerce ?
Absence de clients et chômage partiel massif des salariés
Le confinement et la restriction des déplacements de clients aux seuls achats de première nécessité expliquent que la fermeture des magasins, y compris pour ceux pouvant continuer à accueillir du public, est surtout liée à l’absence de clients.
Il en découle pareillement que seules 8% des entreprises de commerce non alimentaire ont une partie de leur personnel qui travaille encore. Face à cette situation inédite, 85% des commerçants non alimentaires (qu’ils se situent en centre-ville ou périphérie) partagent leurs inquiétudes sur les tensions inhérentes sur leur trésorerie et sur la mise en chômage partiel de leurs salariés.
Conséquences également envisagées : les reports d'investissements. Plus dur : 21% d’entre eux pensent même à une fermeture définitive et ce chiffre monte à 30% chez les commerces indépendants.
Question : Quelle sont les principales conséquences pour votre entreprise (3 réponses max)?
Perte d’exploitation et report de loyer : difficile de faire aboutir les démarches
La quasi-totalité des commerçants sondés est engagée dans une démarche administrative pour parvenir à sauver son activité. Les principales actions entreprises avec succès sont les demandes de report d’échéances sociales et fiscales (66%) et le financement des salariés par le chômage partiel (72%). Par ailleurs les deux-tiers des indépendants pensent pouvoir bénéficier du Fonds de solidarité.
En revanche, lorsqu’ils ont demandé la mise en œuvre de l’assurance perte d’exploitation ou fait une demande d’annulation ou de report du loyer commercial), le score de satisfaction est très faible en raison notamment des difficultés pour faire aboutir la démarche.
Question : quel est votre sentiment face à la reprise à la fin de la crise du COVID 19 ?
De 3 à 6 mois pour imaginer une reprise normale ?
Presqu’un mois après le confinement, les commerçants non alimentaires restent très inquiets sur le devenir de leur commerce et ne sont pas très optimistes quant à une reprise rapide de leur activité.
21% d’entre eux pensent à une fermeture définitive et ce chiffre monte à 30% chez les commerces indépendants. Ils sont par ailleurs près de 50% à estimer qu’il faudra une période transitoire d’au moins 6 mois pour imaginer une reprise normale.
(1) Enquête réalisée par Lugaxis pour le CdCF via un questionnaire mail, 3 267 répondants regroupant 1 545 commerces indépendants et 1 519 commerces franchisés ou associés et 192 responsables de réseau, représentants plus de 5 000 points de vente.