Nouvelle étiquette énergie : comprendre la grande remise à plat qui arrive

Nouvelle étiquette énergie : comprendre la grande remise à plat qui arrive

le 15 octobre 2020
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À compter du 1er mars 2021, la nouvelle étiquette énergie européenne sera obligatoire en magasin pour les appareils de froid et de lavage. Mais d’ici là, elle sera déjà dans les cartons de livraisons d'appareils à partir de début novembre 2020. Pour aider la distribution à bien comprendre ce qui change avec ce nouvel étiquetage à 7 classes, le Gifam a réalisé un guide spécialement destiné aux acteurs du commerce. Le point complet avec Camille Beurdeley, Déléguée Générale du Gifam et Patrick le Dévéhat, Directeur Technique.

Pour les consommateurs européens, l’étiquette énergie fait maintenant partie du paysage. En France, ils seraient même 90% à trouver cet étiquetage important selon le Gifam (étude sur les leviers d’avenir en électroménager, 2018). Mais dès le 1er mars 2021, ils risquent de voir leurs habitudes perturbées par l’arrivée d’une nouvelle étiquette. Ce chamboulement concerne aussi les distributeurs qui vont devoir adapter l’étiquetage en respectant le calendrier imposé par la loi européenne. Enfin, les vendeurs vont devoir faire un travail de pédagogie pour expliquer les évolutions de cette étiquette et rassurer les consommateurs.

Lavage et froid en 2021, sèche-linge en 2022 vraisemblablement

Faire évoluer l’étiquette énergie constitue un énorme « chantier ». Aussi tous les appareils ne sont-ils pas concernés dès le mois de mars 2021. Dans le cas de l’électroménager, seuls les appareils de lavage - lave-linge, lave-linge séchants et lave-vaisselle – et de froid, à savoir les caves à vin, congélateurs et réfrigérateurs (dont les modèles combinés et appareils professionnels) bénéficieront de ce nouvel étiquetage en mars. Vraisemblablement, la prochaine catégorie qui pourrait en profiter sera le sèche-linge, mais pas avant 2022.  

Si l’étiquette énergie évolue régulièrement, de même que les règles d’écoconception qui l’accompagnent, cette troisième génération de l’étiquette revêt une importance particulière. « C’est une étape importante pour le marché. Ça n’est pas la première évolution de cette étiquette, il s’agit de la troisième génération. Il faut l’inscrire dans une évolution régulière. Elle doit s’adapter aux évolutions technologiques et aux innovations des fabricants pour demeurer un outil pertinent de choix du consommateur. Mais c’est la première fois, il est vrai, qu’on remet tout à plat » explique Camille Beurdeley, Déléguée Générale du Gifam.

Retour aux classes de A à G

La première et principale évolution concerne les classes d’efficacité énergétique. Les classes actuellement supérieures à A (A+, A++ et A+++) disparaissent pour revenir à une échelle de A à G. Pour rappel, le but est d’offrir une meilleure lisibilité au consommateur, en évitant d’avoir un grand nombre d’appareils dans les meilleures classes et des classes inférieures totalement vides du fait des évolutions technologiques mais également des règlements d’écoconception. L’attribution des classes est également durcie pour prévoir dans le futur de possibles évolutions vers les meilleures classes. « Cette étiquette énergie est destinée à durer dans le temps. C’est un challenge en matière d’efficacité énergétique. On ne sait pas encore exactement comment va se présenter l’offre produits, mais au mois de mars, il ne devrait pas y avoir de produits classés A voire B ; les meilleurs élèves devraient obtenir une classe C voire D. C’est vraiment un challenge pour les fabricants » précise Patrick le Dévéhat, Directeur Technique du Gifam.

Nouveau : un QR Code à flasher pour en savoir plus

Un QR Code fait son apparition sur les nouvelles étiquettes. En le scannant, le consommateur peut obtenir davantage d’informations sur l’appareil ; elles proviennent de la base de données européenne EPREL (European Product Database for Energy Labelling) que les fabricants ont l’obligation de remplir. On devrait donc y trouver des informations de même nature pour chaque appareil, présentées sous la même forme.
A noter que seule une partie des informations de la base EPREL seront accessibles au consommateur. En effet, celle-ci centralise d’autres informations que les fabricants doivent renseigner, comme leurs rapports d’essais pour les autorités du marché, par exemple.

Le niveau sonore désormais classé de A à D

Sur la nouvelle étiquette, le niveau sonore n’est plus uniquement indiqué comme mesure chiffrée, mais il s’accompagne d’une lettre (de A à D) qui correspond à sa classe de perception sonore, de manière à fournir un point de repère pertinent au consommateur. Ce dernier peut ainsi évaluer en un coup d’œil si l’appareil qu’il s’apprête à acheter fait partie des plus silencieux du marché ou non.

Froid : de nouveaux pictogrammes

L’étiquette des appareils de froid est sans doute celle qui évolue le moins. Outre le QR code et les nouvelles classes énergétiques, communs aux étiquettes des autres appareils, on y trouve principalement de nouveaux pictogrammes qui se veulent plus lisibles. Les informations communiquées demeurent les mêmes, à savoir classe énergétique, capacité (réfrigération et congélation dans le cas des combinés), consommation annuelle et niveau sonore. Il faut tout de même préciser que les exigences d’écoconception sont particulièrement élevées, puisque les principales technologies d'appareils de froid de classe G ne pourront plus être mises sur le marché dès le 1er mars 2021.

Lavage : référence de 100 cycles et durée des programmes

Jusqu’à présent, l’étiquette des appareils de lavage affichait une consommation annuelle, basée sur une moyenne de 220 cycles (alors supposée représenter la « consommation moyenne annuelle d’une famille européenne de 4 personnes »). Sur la nouvelle étiquette, la consommation communiquée se base sur 100 cycles, ce qui est clairement indiqué. Dans le cas des modèles séchants, elle est même renseignée pour le lavage puis pour le séchage.
Autre changement : la consommation d’eau, n’est plus affichée pour 220 cycles, mais pour le seul cycle réglementaire (comme c’était le cas sur la première étiquette énergie de 1995).
Notons que le niveau sonore en lavage disparaît de l’étiquette des lave-linge, la seule indication conservée correspondant au niveau sonore en essorage. C’est pendant cette phase que l’appareil est le plus bruyant (phase qui est également la plus courte…).
Un pictogramme en forme d’horloge fait aussi son apparition sur l’étiquette ; il s’agit de la durée des programmes (heures et minutes). Dans le cas des lave-linge et lave-linge séchants, les programmes coton standard 40° et coton standard 60° qui servaient de référence sont remplacés par un unique programme "éco 40-60". Cela est valable pour déclarer la classe énergétique mais également la durée de programme, ce qui est plutôt surprenant. En effet, on ne lave pas le même type de textile à 40°C ou à 60°C et selon la température, la durée peut largement varier…

14 jours ouvrables pour opérer la transition

L’affichage de la nouvelle étiquette énergie sera obligatoire en magasin et sur les sites de vente en ligne à compter du 1er mars 2021. Les revendeurs n’ont pas le droit de l’afficher avant cette date.
Cependant, les fabricants doivent bien entendu fournir cette étiquette en amont. Aussi dès le 1er novembre, les distributeurs recevront-ils les deux étiquettes avec les produits : l’actuelle et la nouvelle. Ils devront apposer l’étiquette actuelle sur les produits durant toute la période transitoire, puis changer d’étiquette à compter du 1er mars. En théorie, ils disposent de 14 jours ouvrables pour opérer cette transition.
Tous les appareils achetés par le distributeur à partir du 1er mars 2021, en revanche, ne devraient être livrés qu’avec la nouvelle étiquette.

Des outils pédagogiques pour le plus grand nombre

Les fabricants ne découvrent pas la nouvelle étiquette énergie ; ce projet d’évolution est connu depuis début 2019. Ils ont eu le temps de s’y préparer en faisant évoluer leurs appareils selon les méthodes de mesures normalisées.
En revanche, les consommateurs risquent d’être un peu chamboulés par ces changements. Certains fabricants ont déjà commencé à enrichir leur site Internet d’explications destinées au grand public, pour clarifier la nouvelle étiquette énergie. De même, le Gifam, qui représente les grandes marques d’électroménager, a mis au point deux plaquettes pédagogiques : l’une destinée aux professionnels de la distribution, l’autre dédiée au grand public.

C’est donc surtout aux vendeurs, en première ligne face aux consommateurs, que va échouer le rôle d’expliquer cette étiquette et probablement de rassurer certains clients. En l’occurrence, les consommateurs risquent d’être perturbés à plus d’un titre. De nombreuses études confirment l’importance de l’étiquette énergie dans le choix d’un produit : par exemple, selon une récente enquête de GfK, 8 Français sur 10 accordent leur attention à cet affichage.

Quels risques principaux au niveau de la compréhension du public ?

Le plus perturbant pour le grand public risque d’être la disparition des fameuses classes supérieures à A et surtout de ne voir aucun produit dans les meilleures classes. Les vendeurs vont devoir être capables d’expliquer pourquoi dans certaines catégories, les appareils les plus performants n’atteignent que la classe B ou C. 

De plus, même si tout est fait pour limiter la cohabitation entre ancienne et nouvelle étiquette énergie, elle est inévitable. En effet, les « anciennes » références (si l’appareil n’est plus commercialisé au 1er novembre 2020) ne disposeront pas de nouvelle étiquette, mais peuvent tout à fait être vendues en magasin ou sur Internet le temps que les distributeurs écoulent leur stock (jusqu’au 1er décembre 2021). De plus, l’ancienne étiquette sera toujours visible en magasin sur les familles de produits qui n’y ont pas encore eu droit – en bref, les A+++ ne sont pas prêts de totalement disparaître du paysage…

« Réviser l’étiquette énergie ne revient pas à réviser les performances à la baisse »

Enfin, il y a encore un cas dans lequel les distributeurs et vendeurs risquent d’être sollicités. Certains fabricants ont déjà pris les devants et commencé à livrer les deux étiquettes. Il n’est donc pas exclu que dès maintenant et pendant toute la période transitoire d’ailleurs, les consommateurs reçoivent leur produit livré accompagné de deux étiquettes énergie. Or, on peut imaginer la surprise d’un client qui découvrirait une étiquette classant son appareil comme A+++ et une seconde qui le placerait dans la classe énergétique B ou C. « Le message que nous faisons passer c’est qu’en aucun cas le consommateur n’achète un produit dévalué. Réviser l’étiquette énergie ne revient pas à réviser les performances à la baisse. Il y a simplement de nouvelles règles du jeu, même si le consommateur a fait son choix sur la base des règles actuelles » déclare Patrick Le Dévéhat.
« L’étiquette est d’abord un outil de comparaison, qui permet aux consommateurs de comparer deux produits à un instant T » complète Camille Beurdeley.
En bref, cette nouvelle étiquette évolue pour devenir plus lisible pour le consommateur, incitant aussi les fabricants à faire encore de nouveaux efforts de conception pour atteindre les meilleures classes énergétiques. Les enjeux sont de taille pour le marché de l’électroménager, d’autant qu’en France, l’affichage de cette nouvelle étiquette énergie va se superposer avec l’application des décrets de la loi anti-gaspillage, à commencer par l’indice de réparabilité qui arrive dès le 1er janvier 2021.

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