Sur un marché des biens techniques pourtant chahuté par la pénurie des composants, l’augmentation du coût des matières premières et les difficultés d’approvisionnement, les acteurs de l'électroménager ont réussi à présenter des nouveautés pertinentes.

En effet, à travers leurs nouveautés, la quasi-totalité des fabricants proposent des solutions pour optimiser les économies d’énergie, rendre leurs produits plus durables et réduire leur empreinte carbone. La capacité de cette industrie à s’adapter force une fois encore le respect. En voici un résumé en attendant des focus plus détaillés par marques, que nous publierons au cours des prochaines semaines...

Economies d’énergie et durabilité comme fil rouge

S’il y a bien une tendance à retenir de cette édition, c’est celle-ci. Pas un stand qui ne mette en avant les économies d’énergie, présentées comme nécessaires à la fois pour préserver la planète mais aussi le porte-monnaie des consommateurs. En l’occurrence, cela ne concerne pas seulement les marques premium ; la tendance est générale.
De la même manière, les fabricants se sont emparés de la question de la préservation de la planète, parlant tous de « sustainability », que nous pourrions traduire par durabilité, mais pas seulement. Il est plus largement question de réduire l’impact sur l’environnement en produisant des appareils durables et réparables, qui consomment moins d’eau et d’énergie, en utilisant de plus en plus de matériaux recyclés et recyclables, voire biosourcés. L’utilisation de plastique recyclé se généralise. Mais nous pouvons citer les exemples de Beko et Grundig qui utilisent en plus du plastique recyclé des coquilles d’œufs ou des filets de pêche ou encore de Sharp qui met en avant l’utilisation de noyaux d’olives. Panasonic avait même réservé tout l’espace central de son hall pour présenter ses actions en matière d’économie circulaire.

Les discours tournés davantage vers la sobriété que vers l'innovation

Les innovations vues à l’IFA ne sont certes pas sorties des départements de R&D en quelques mois. D’ailleurs, cela fait déjà plusieurs années que nous sentons s’amorcer ce virage vers des biens d’équipement de la maison « plus vertueux » - notamment parce que cela occupe une importance croissante dans les critères de choix des consommateurs. Mais à l’aune des événements climatiques qui ont frappé le monde pendant l’été, le discours s’est fait plus grave et plus pressant.
Nous retiendrons d’ailleurs le discours d’Hakan Bulgurlu, CEO du groupe Arçelik (qui est également le nouveau président d’APPLiA Europe), très impliqué dans ces questions. Alors qu’en 2019, sa keynote évoquait déjà ces préoccupations, le ton se durcit cette année « nous vivons dans un monde définitivement différent », celui-ci assénant en conclusion de sa conférence : « hélas nous avons besoin d’un choc mais je pense que nous vivons ce choc aujourd’hui ».
Il présente également cela comme une question à laquelle les fabricants ne peuvent se soustraire : « les consommateurs commencent à payer plus cher pour des produits et des services plus « propres ». Donc aucun doute qu’ils choisiront les produits et les fabricants qui auront fait ce qu’il faut pour décarbonner et les jeunes générations n’auront aucune tolérance concernant la manière dont nous traitons la planète ».

Du froid qui atteint déjà la classe A – et bientôt mieux ?

Alors que la nouvelle étiquette énergie a été pensée pour que les appareils concernés n’atteignent pas tout de suite les meilleures classes énergétiques, certains lave-linge ont pourtant rapidement atteint la classe A. Mais les fabricants admettaient que c’était plus complexe dans le domaine du froid. C’est désormais chose faite, puisque plusieurs marques ont dévoilé des réfrigérateurs et réfrigérateurs combinés de classe A lors de l’IFA, dont Samsung, Bosch/Siemens ou encore Liebherr. Celui de Liebherr présente d’ailleurs la particularité d’utiliser des panneaux sous-vide noyés dans la mousse isolante, ces panneaux étant composés de silice mise sous-vide qui devient dure et ne se tasse pas, contrairement à la laine de verre utilisée par certains fabricants, selon Liebherr. Ce « vrai combiné de classe A » consomme toujours aussi peu après des années d’utilisation.
C’est également sur le stand de Liebherr que nous avons vu l’une des technologies marquantes du salon. Baptisée BluRox, elle sera pour l’instant exploitée sur un congélateur. Alternative à la mousse polyuréthane habituellement utilisée, elle fait appel à la perlite (de la roche volcanique). Cela présente plusieurs avantages. Deux fois moins de matière est nécessaire, ce qui permet d’affiner les parois et donc de gagner 25% de volume utile. C’est également un meilleur isolant, ce qui permet aussi de faire 30% d’économies d’énergie. Enfin, Liebherr améliore du même coup la recyclabilité puisque l’appareil devient 100% recyclable (la perlite peut être réutilisée et le métal revalorisé, ce qui n’est pas le cas quand de la mousse y est collée).

Lavage : des appareils toujours plus économes

Nous avons également croisé plusieurs lave-linge et lave-vaisselle de classe A sur les stands – BSH annonçant par exemple un lave-linge A-20% et Grundig un lave-vaisselle A-10%. Mention spéciale d’ailleurs à la gamme Save Water Line de Beko composée d’un lave-vaisselle et d’un duo lave-linge/sèche-linge dans lesquels la dernière eau de rinçage est conservée puis utilisée pour le début du cycle suivant, ce qui assure des économies d’eau conséquentes. L’eau de condensation du sèche-linge est aussi réutilisée dans le lave-linge. En ce qui concerne le lave-vaisselle, sa consommation d’eau est déjà particulièrement contenue (6,9 L pour 16 couverts).
Pour favoriser les économies, Electrolux/AEG généralise l’apparition d’une icône représentant une feuille verte sur les panneaux de commande de ses appareils. Quand l’utilisateur modifie les programmes et paramètres, elle s’illumine pour signaler les réglages les plus économes en ressources. La marque lance aussi une gamme de lave-vaisselle en classe A utilisant un « Ecometer » sur le bandeau de commande QuickSelect qui permet là encore de choisir les réglages les plus économes.

La cuisson toujours à toute vapeur

Dans le domaine de la cuisson, là encore pas de surprise : la plupart des fabricants qui commercialisent des fours accordent une belle place dans leurs gammes à la cuisson vapeur. En revanche, il est plus surprenant de voir des fabricants premium « démocratiser » de telles fonctions, à l’instar de Miele, qui abaisse le ticket d’entrée à 2000 €.
La vapeur est aussi au programme chez Panasonic, avec son four pose libre Steam Combi Oven. Même constat dans les allées du hall accueillant la French Tech, où nous avons pu découvrir le prototype du four Joe The Oven de Daan Tech qui combine four vapeur, micro-ondes, chaleur traditionnelle et air fryer.
Enfin, la reconnaissance des aliments tend à se développer sur les fours haut de gamme, que ce soit chez Electrolux, Samsung ou encore Miele par exemple.

Un peu de couleurs pour assouvir un besoin d’évasion ?

Si les couleurs sont monnaie courante dans le domaine du petit électroménager, dans ce registre, le gros électroménager est généralement plus timide. Pourtant, nous avons eu droit à notre dose de fraîcheur, que ce soit sur le stand de Candy qui présentait des lave-linge aux coloris que nous avons qualifiés de « pop » - rose, vert, bleu. Sharp présentait également des lave-vaisselle, lave-linge et sèche-linge bleu « pétant ».
Dans le City Cube où réside Samsung, c’est même une explosion de couleurs avec la gamme Bespoke. Et les couleurs ne s’exposent pas seulement sur les réfrigérateurs, mais aussi avec beaucoup d’élégance sur le bandeau couleur lagon d’un lave-linge haut de gamme Bespoke. Quant à LG, pour personnaliser ses réfrigérateurs, la marque n’a pas opté pour des panneaux interchangeables, mais pour un concept de panneaux rétroéclairés dont on peut changer la couleur via une application (plus d’une vingtaine de coloris disponibles).

Le petit électroménager moins représenté que d’habitude

Dans le domaine du petit électroménager, l’offre était moins riche que lors des précédentes éditions, certaines marques spécialistes ayant fait l’impasse sur leur participation au salon. En revanche, cela a peut-être laissé un peu plus de place à d’autres. Par exemple, les produits de forme et de santé, voire de sport, connectés ou non, étaient présents en masse, à l’instar de ceux de Withings et Terraillon. Certains fabricants asiatiques ont aussi gagné du terrain, occupant des stands plus grands qu’à l’accoutumée et plus qualitatifs. Nous songeons par exemple à Tineco, qui en marge de ses appareils d’entretien des sols faisait la démonstration convaincante d’un grille-pain pourvu d’une interface entièrement tactile permettant de personnaliser précisément le degré de brunissage de chaque toast. Ou encore à des marques comme Dreame, qui dévoilait plusieurs aspirateurs robots tout-en-un qui aspirent, lavent les sols et s’auto-nettoient.
Dans le domaine du petit électroménager, nous retiendrons également la présentation du robot cuiseur connecté MyCook Next de Taurus, dont le large écran tactile de 10 pouces a de quoi impressionner.

Enfin, nous ne savons trop dans quelle catégorie le classer puisqu’il ne s’agit ni de petit ni de gros électroménager, mais un dernier concept a retenu notre attention sur le stand de BSH : Solitaire The Waterbase. Il s’agit d’un évier avec ou sans fond (le fond plat motorisé monte et descend) qui se contrôle via une interface tactile. Celle-ci permet également de choisir précisément la température de l’eau, chaude ou froide, par exemple pour préparer un thé. Une nouveauté surprenante qui a de l’allure.
L’implication des acteurs du monde de l’électroménager pour développer des appareils plus économes en ressources n’est pas le seul signe que l’énergie va devenir une question cruciale ces prochaines années. Nous avons aussi vu apparaître des acteurs œuvrant dans le domaine de la production d’énergie solaire ou du stockage d’énergie, ce qui est assez nouveau sur ce salon.