Pour fêter ses 30 ans, le Réseau Ducretet a réuni ses administrateurs, ses formateurs, les entreprises partenaires, d’anciens apprentis et tous ceux qui ont contribué à la création ainsi qu’à la réussite du Réseau. L’évènement, qui s’est tenu le 17 novembre à Paris, a débuté par les traditionnelles cérémonies des Majors et les Coupes de France remises par Olivier Humbaire, Président de Réseau Ducretet et Jean-Pierre Gaubert, Directeur Général. Rappelons que ces distinctions récompensent respectivement les meilleurs apprentis de chaque promotion et les meilleurs centres de formation du Réseau.

Lors de cet événement, trois tables rondes étaient animées par Eric Shorjian, co-fondateur de Neomag. Les deux premières, sur lesquelles nous reviendrons dans un prochain article, étaient consacrées aux enjeux de formation dans le domaine des infrastructures numériques ainsi que dans le secteur des biens techniques face à l'évolution du commerce et au retour de la réparation. La troisième table ronde a permis de revenir sur les origines de Ducretet, les grandes étapes de ses évolutions passées et présentes et ses perspectives futures. 

Un centre de formation d’apprentis créé par et pour la profession

Le Réseau Ducretet est aujourd’hui une institution incontournable dans le paysage de la formation et cet anniversaire est l’occasion de rappeler sa genèse. « L’origine du Réseau Ducretet, c’est le commerce et la réparation de l’électronique grand public » déclare Jean-Pierre Gaubert, Directeur Général. L’une de ses particularités, c’est qu’il a été créé par les professionnels de la filière (les industriels, les distributeurs, les sociétés de service…) pour former des vendeurs et des techniciens.

Pour Patrice Martin, co-fondateur du Réseau Ducretet et président de 1992 à 2002, « les organisations professionnelles et les responsables de chez Thomson (NDLR : l’un des leaders du marché à l’époque) ont commençé à se rencontrer dans les années 1980 pour apporter des réponses à la problématique de la formation ». Organisations et constructeurs du Simavelec (Syndicat des Industries de Matériels Audiovisuels Electroniques) ont mis en évidence la nécessité de faire progresser la formation initiale qui était à l’époque limitée à un niveau de BEP. En mars 1986, le Bac Pro Mavelec était créé, suivi du Bac Pro MAEC pour les produits blancs. Les réflexions ont abouti ensuite à une rencontre puis à un travail commun dont le fruit fut la création du CFA Ducretet, en 1992, qui a démarré son activité avec pour slogan « la profession s’organise ». Toute la profession « du constructeur jusqu’au distributeur » selon Patrice Martin, s’est ainsi « libérée à l’époque des contraintes de l’éducation nationale pour s’approprier la formation ». D’où la création des titres homologués au niveau Bac +1 de vendeur et de technicien. « C’est ce qui a fait l’originalité du CFA Ducretet et de ses formations dès le départ ».

Guider les jeunes apprenants sur la voie de la réussite

Et il y a 30 ans, le pari était osé. « En 1992, il y avait à peine 200 000 apprentis en France », rappelle Pascal Carcaillon, Délégué Général de 1992 à 2008. « La voie de l’apprentissage était alors destinée aux élèves en échec scolaire. C’est dans ce contexte que la profession a fait le pari de créer son propre CFA et surtout de créer ses propres diplômes, que l’on appelle les titres homologués ».
Des dires de tous les intervenants, ce qui a contribué à la réussite de Ducretet, c’est la qualité des hommes et des femmes qui l’ont créé et façonné, ainsi que leur volonté de guider les jeunes apprentis sur la voie de la réussite – et un « conseil d’administration extraordinaire » selon Pascal Carcaillon.
Lors de la soirée, il a notamment remercié Martine Bernard « véritable cheville ouvrière de la création de Ducretet ». Alors qu’elle était au service des RH de Thomson Europe, celle-ci a contribué à construire le CFA. C’est aussi grâce à elle que le Réseau Ducretet a pu faire appliquer une circulaire (dont personne d’autre n’a demandé l’application) qui a permis au CFA « la création des deux titres qui nous appartiennent et qui sont notre patrimoine » explique Pascal Carcaillon. Avec le sourire et les yeux qui pétillent, Martine Bernard nous a abreuvé d’anecdotes sur la création de Ducretet, les réunions qui commençaient aux aurores sans qu’on sache à quelle heure elles se termineraient...

12 000 apprentis formés en 30 ans

Trois décennies plus tard, l’essai est transformé. Le 6 novembre 1992, le CFA Ducretet démarrait à Asnières-sur-Seine avec une première promotion de 35 apprentis. Aujourd’hui, ce qui est devenu le Réseau Ducretet regroupe désormais trois CFA à Clichy, Lyon, Bordeaux et plus de quinze centres partenaires répartis sur toute la France ainsi qu’en Outre-Mer. En 30 ans, le Réseau Ducretet aura bientôt formé 12 000 jeunes (5 057 apprentis dans les domaines du commerce et de la réparation et 5 416 dans les métiers des services et de la réparation). « Aujourd’hui, ce sont environ 1 000 jeunes qui sont formés chaque année dans l’ensemble du réseau au niveau national », souligne Olivier Humbaire, Président du Réseau Ducretet.
Le Réseau Ducretet dispense aussi de la formation continue à des milliers de salariés. « Les métiers évoluent beaucoup, rapidement, et il faut maintenir les équipes en place. Nous développons beaucoup de modules de formation à la demande de certaines entreprises » explique Olivier Humbaire.

Le moment où la voie de l’échec est devenue celle de l’excellence

Depuis la création du Réseau, deux « indicateurs importants orientent les décisions » explique Olivier Humbaire. « Le taux de rupture - un jeune qui rentre chez Ducretet doit ressortir avec un diplôme, ne pas partir en cours de route - et le taux d’insertion, toujours supérieur à 90% - un jeune qui sort doit avoir un travail ». 
Outre « l’employabilité », Pascal Carcaillon évoque un autre objectif, fixé dès les premiers jours du CFA (dans un contexte où il y avait un déficit de création et de reprise d’entreprises) : apporter aux apprentis « des compétences complémentaires pour leur permettre d’évoluer vers des postes à responsabilité ». 
Les anciens apprentis qui participaient aux tables rondes en témoignent. À l’instar de Merlin Soumbou, ancien apprenti IRT et TRT qui se voit poursuivre dans son corps de métier et évoluer. Autre témoignage d’Alexis Dehouck, ancien apprenti TSEC (2013-2014), auto-entrepreneur et aujourd’hui lui-même maître d’apprentissage. Pour Jeremy Ximenes, ancien apprenti responsable des forces de vente chez Xiaomi, plus que l’accès à un emploi, « Ducretet ça a été d’abord une chance » alors qu’il s’était « perdu dans le cursus classique ». 
« On est partis dans une aventure extraordinaire et on s’est vite aperçu que cette voie qui était considérée comme une voie d’échec était en fait la voie de l’excellence. Celle qui permettait à des jeunes de réussir un parcours de formation qui les menait directement à l’emploi et d’apprendre un métier » conclut Pascal Carcaillon.

L’exigence de qualité et l’écoute comme valeurs phares

L’exigence de qualité est l’une des valeurs qui font l’ADN du Réseau Ducretet. Tout est mis en œuvre pour prodiguer aux apprentis des formations complètes, adaptées à leurs besoins, à ceux du marché, et leur transmettre le goût du travail de qualité. Par exemple, dès sa création, Ducretet a veillé à ce que ses apprentis puissent être formés sur un panel représentatif de tous les appareils du marché pour que les jeunes aient accès à l’ensemble des produits, qu’ils travaillent dans une petite ou une grande entreprise.
Le Réseau Ducretet a mis au point un système de recrutement et une méthode de « double alternance » explique Pascal Carcaillon : une alternance théorie/pratique en CFA avec tous les matériels de la profession (environ 30% de théorie et 70% de pratique) et une deuxième alternance dans les entreprises.
Et le ciment de ce qu’il nomme ces « briques pédagogiques », ce sont justement les valeurs, partagées par les administrateurs, les formateurs (parmi lesquels certains anciens apprentis)... 

« Un double devoir d’exemplarité : envers notre formateur et envers notre entreprise »

Considérer que rien n’est acquis, se remettre en question sans cesse est également ce qui caractérise le Réseau Ducretet. Depuis sa création, le CFA n’est jamais resté figé, faisant évoluer ses formations, leur contenu et son maillage territorial… Thierry Ranc, désormais administrateur, a découvert le Réseau Ducretet comme « client » chez SFR alors que l’entreprise développait ses Espaces SFR avec de hautes exigences. « Nous avions affaire à des passionnés. L’une des valeurs phares est surtout la passion. Mais ce qui nous a surtout séduit, c’est cette capacité d’écoute des besoins des entreprises » explique-t-il, notant la réactivité du CFA et la capacité à « co-construire » avec les entreprises. Il évoque également la volonté « d’amener les vendeurs formés à un niveau d’excellence ».
Les valeurs véhiculées par Ducretet, c’est sans doute l’ancien apprenti Jeremy Ximenes qui en parle le mieux : « ils m’ont aussi appris quels étaient mes devoirs. Parce que dans le monde du travail on a aussi des devoirs (…) C’est un vrai devoir d’exemplarité, qui est double, envers notre formateur mais aussi envers l’entreprise qui nous accueille. Avec Ducretet, je me suis rendu compte qu’au-delà du devoir, je pouvais aussi prendre plaisir à faire ce métier ».

Un fort sentiment d’appartenance

Les anciens apprentis du CFA Ducretet ressentent un fort sentiment d’appartenance, qui découle de leur expérience commune et sans doute lié aussi aux valeurs transmises. Comme l’explique Michael Portier, vice-président de l’association d’anciens élèves Les Bosons de Ducretet, créée en 2020 : « vous mettez deux apprentis du Réseau Ducretet dans une salle, automatiquement, il y a une alchimie qui se crée. L’objectif est d’améliorer et accentuer ce lien, de rechercher des anciens du CFA Ducretet pour les mettre en relation avec les nouveaux de manière à redynamiser et créer ce lien. Il y a vraiment une entraide qui se crée autour de ça ».

Environnement, gestion de l’énergie, développement de la réparation, réemploi, durabilité : de nouveaux enjeux de formation

De nombreux projets se profilent pour le Réseau Ducretet, qui poursuit sur sa voie en créant de nouveaux centres de formation pour améliorer son maillage territorial afin d’être présent au plus près des entreprises et du lieu d’habitation des apprentis.
Les formations ne vont pas manquer d’évoluer pour s’adapter encore aux nouveaux enjeux du marché ainsi qu’aux nouvelles attentes des consommateurs : enjeux environnementaux, gestion de l’énergie, développement de la réparation bien entendu, mais aussi réemploi, durabilité… Le Réseau Ducretet espère aussi féminiser un peu plus les métiers techniques. Pour l’avenir, Olivier Humbaire assure que le Réseau a l’ambition de relever ces défis. « Et tous ces projets se feront dans le respect de nos valeurs, c’est-à-dire l’écoute des besoins des entreprises, la qualité et la rigueur de nos formations et bien sûr le soutien et l’accompagnement de nos apprentis ».