Nous visons une centaine de concessionnaires Veneta Cucine en France d’ici 2025
Premier fabricant de cuisines en Italie, le groupe Veneta Cucine (285 millions d’euros de CA l'an dernier) vient d’entrer au capital social de Veneta Cucine France. Nous avons rencontré Adriano Sereno, PDG Veneta Cucine France, sur le stand de la marque lors du salon EspritMeuble EspritCuisine. Il détaille pour nous les implications de ces opérations sur la stratégie de développement au global et en France.
Neomag. Avant d’évoquer la stratégie de développement de Veneta Cucine en France, pouvez-vous nous donner un aperçu de ce que représente le groupe actuellement ?
Adriano Sereno. Fondé en 1967 par Giacomo Archiutti, Veneta Cucine s’est développé autour d’une mission de production. Ce groupe familial dispose aujourd’hui de cinq sites industriels d’un total de 120 000 m2 et emploie 700 salariés. Outre Veneta Cucine, le groupe dispose de différentes marques. Caranto, la dernière en date, a été rachetée en 2019 avec un site de fabrication dédié à la transformation du quartz et de la céramique qui nous a permis d’intégrer la production de plans de travail et crédences dans ces matières.
Avec 285 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 et quelque 90 000 solutions cuisine, dressing et salon vendues par année, Veneta Cucine est selon les chiffres officiels italiens, le premier fabricant de cuisines en Italie avec 97% de la production transalpine. Le groupe est aujourd’hui présent dans 50 pays. le marché français est le premier pays en tant que zone d’exportation devant la Chine. Nous affichons aujourd’hui des ambitions majeures dans l’hexagone, qui plus est depuis la prise de participation du fonds d’investissement NB Aura à hauteur de 30% du capital.
Quelles sont les orientations actuelles au regard de la prise de participation du fonds d’investissement NP Aura au sein du capital du groupe, mais aussi de l’entrée du groupe au capital de Veneta Cuicine France ?
D’ores et déjà, le groupe est doté d’une organisation pour produire sans être assembleur, sachant que Veneta Cucine affiche une progression importante. Aujourd’hui, toute la production est orientée désormais de manière à être flexible afin de présenter du sur mesure, en plus de notre production en série. Cela a demandé beaucoup d’investissements. Depuis 2021, ce fond d’investissement américano-luxembourgeois est rentré dans le capital de Veneta Cucine Spa à hauteur de 30% de parts pour apporter des investissements importants sur l’outil de production sur les 3 ans à venir, de 80 millions d’euros déjà aujourd’hui à 120 millions pour 2025. L’objectif du groupe Veneta Cucine est d’accroitre principalement son chiffre d’affaires à l’étranger (30% du CA global aujourd’hui) et de devenir le 5ème acteur européen.
Le groupe familial Veneta Cucine dispose aujourd’hui de cinq sites industriels en Italie et emploie 700 salariés.
Veneta Cucine est présent en France depuis 2000. Comment a évolué la structure depuis sa création ?
Au départ, nous avons testé le marché français. Nous avons rapidement vu qu’il était assez complexe et différent du marché italien. Nous avons pris le pari de développer un réseau de concessionnaires monomarques bénéficiant d’une exclusivité de la marque Veneta Cucine. Nous avons ainsi choisi de développer un réseau à qui nous apportons un service de A à Z. Pour ce faire, nous avons créé une structure adaptée au marché français. De la stratégie de producteur au développement d’un réseau, cette évolution depuis notre implantation sur le marché français a nécessité des investissements importants.
Aujourd’hui, au sein de notre siège social à Nice, nous avons une équipe de 20 personnes qui comprend animateurs de réseaux, architectes pour les magasins et services de back- office. Nous y organisons également des formations au service de nos concessionnaires.
Quels sont aujourd’hui les objectifs de développement de Veneta Cucine sur le marché français ?
50 boutiques monomarques Veneta Cucine ont été ouvertes en France, générant un chiffre d’affaires de 48 M€. Pour 2023, nous projetons l’ouverture de 12 à 15 concessions. Et nous venons d’annoncer pour objectif de disposer de 80 magasins d’ici 2024 et d’un réseau d’une centaine d’ici 2025. Nous sommes confiants. Nous avons ainsi déjà un retour très positif avec de très bons contacts qualifiés et très concrets à l’occasion de notre première participation à EspritMeuble/Esprit Cuisine. Certains visiteurs sont même venus exprès pour prendre rendez-vous. En résumé, notre première participation sur ce salon est une excellente opération.
Quels profils de concessionnaires recherchez-vous ?
Avant tout des professionnels de la cuisine même si nous acceptons aussi des profils investisseurs. Des concessionnaires d’autres marques viennent nous rejoindre ou des cuisinistes indépendants qui recherchent le soutien d’une marque puissante, dotée d’un lourd budget de communication, à terme doublé l’an prochain. Par ailleurs nous les accompagnons avec nos experts comptables lors de leurs recherches en de financement.
Quelles sont aujourd’hui les superficies moyennes des magasins ?
Nous disposons de deux types de magasins. Le premier en centre-ville dispose d’une superficie de 80 à 120 mètres carrés. Le second situé au sein de zones commerciales ou sur des grands axes comprend en moyenne une superficie de 250 mètres à 300 mètres carrés. Nous constatons d’ailleurs de plus en plus de demandes de concessionnaires qui veulent ouvrir un nouveau magasin Veneta Cucine, ce qui démontre l’efficacité de notre offre et du réseau.
Quelles sont les conditions d’exclusivité demandées ?
Nous demandons une exclusivité uniquement sur la partie meuble et nous laissons ensuite toute liberté de choix pour le concessionnaire sachant que nous disposons aussi d’une gamme d’électroménager ciblée pour la France. A noter, notre marque Caranto chez Veneta Cucine donne beaucoup de satisfactions car ce produit de haute qualité est très intéressant en termes de prix pour le revendeur. Le professionnel français est très sensible à la qualité de nos produits et de leurs finitions, et on lui apporte toute la structure de services qui lui est nécessaire.
Pour le consommateur final, qu’est ce qui fait selon vous la différence entre une cuisine italienne, française ou allemande ?
Il peut exister un a priori sur le fait que le design italien et le positionnement haut de gamme seraient réservés à une niche de clients. Cependant, les clients se rendent de plus en plus compte qu’aujourd’hui qu’une cuisine italiennne de qualité telle que Veneta Cucine est très bien positionnée par rapport à des produits de fabricants français ou de certains allemands. Nous sommes certes dans le premium mais accessibles pour des portefeuilles moyens sans évidemment être dans l’entrée de gamme.
Quel est le montant d’un panier moyen chez un concessionnaire Veneta Cucine?
Tout dépend de l’emplacement du magasin et des hommes. Cela peut ainsi varier de 12 000 euros à 25 000 euros. Ce qui démontre notre capacité à entrer dans le cœur du marché. En revanche, nous ne voulons pas perdre le côté exclusivité pour le client qui souhaite avoir un produit Veneta Cucine chez lui. Un choix qui nous a beaucoup aidé dans une période un peu compliquée, entre la crise sanitaire, les effets de la guerre en Ukraine et l’inflation.
Quel premier bilan pour Veneta Cucine France en 2022 ?
Nous avons connu un premier ralentissement pour la seconde partie de l’année, marquée par une petite baisse du nombre de cuisines vendues mais nous sommes néanmoins en progression de 25% du CA cette année. Cela signifie donc une augmentation du panier moyen. Le client Veneta Cucine est beaucoup moins concerné par l’inflation. Certes, nous avons augmenté nos prix de 5 à 8 % lors de la deuxième partie de 2021 selon les produits mais cette hausse était liée à l’augmentation des matières premières. L’intérêt d’être gros producteur a permis de faire jouer un pouvoir de négociation sur les matières premières. Par ailleurs, il n’y a pas eu de hausse des prix pour 2022.
Même si le marché français devrait être plus compliqué en 2023, vous ne remettez donc pas en question vos ambitions de développement ?
Il n’y a aucune remise en question sur nos prévisions. Le nouvel investisseur nous a déjà mis à disposition les fonds qui nous ont permis de mettre en place une organisation à même de renforcer nos services et miser sur la croissance. Nous avons investi le marché français et désormais nous sommes, plus que jamais, dans l’accélération.